Vedat Çem Erkmen était détenu à la prison de type F de Tekirdağ où il purgeait une peine de réclusion à perpétuité aggravée. Il est mort dimanche dans des circonstances suspectes.
L’administration pénitentiaire qui a appelé la famille d’Erkmen vers 21 heures dimanche, a affirmé qu’Erkmen s’était suicidé dans sa cellule.
La famille d’Erkmen et des avocats de l’Association des droits de l’homme (İHD) et de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) se sont rendus à la prison de Tekirdağ. Cependant, ils ont appris sur place que les procédures d’autopsie d’Erkmen avaient déjà été effectuées.
« Vedat a été tué ! »
Gürkan Isteli, membre de la commission des prisons de la branche d’Istanbul de l’ÖHD, a publié une déclaration sur les réseaux sociaux disant : « Que cachent-ils à qui ? Nous avons fait des allers-retours entre la prison, le palais de justice et l’hôpital pendant des heures. La prison a rejeté toutes nos demandes pour voir le corps. Quelques heures plus tard, nous avons pu joindre le bureau du procureur en service, et avons enfin pu identifier le corps. »
Il a poursuivi : « Notre client, Vedat Erkmen, a été déplacé de sa cellule vers une cellule d’isolement il y a quelques jours. La raison de ce transfert est qu’il n’était pas en sécurité. Nous pensons qu’il a été assassiné. Pourquoi Vedat qui a été déplacé de sa cellule par mesure de sécurité se serait-il suicidé ? »
Selon l’avocat, au cours d’un entretien téléphonique vendredi dernier (17 décembre), Erkmen aurait demandé à son frère de déposer une plainte contre l’administration pénitentiaire.
« Ils ne nous donnent pas le corps car nous sommes kurdes »
Le corps d’Erkmen a été amené à la Direction des cimetières d’Istanbul Küçükçekmece, lundi dans la matinée. La famille a demandé à le récupérer afin de le transporter à l’Association Digor Dağpınar à Esenyurt pour une cérémonie funéraire, pour ensuite l’emmener à Kars, la ville natale du défunt. La police a cependant refusé de restituer le corps au prétexte que la cérémonie à Esenyurt occasionnerait des « troubles ». « Ils ne nous donnent pas le corps car nous sommes kurdes », a dénoncé la famille.
Cercueil enlevé par la police
Pendant que la famille et les représentants de la société civile attendaient, le corps d’Erkmen a été enlevé par la police qui a déclaré qu’il serait emmené à la Fondation Mehmetçik, située entre Istanbul et Gebze. La famille Erkmen s’est alors mise à suivre le véhicule transportant le cercueil.
5 décès en moins de 10 jours
La mort d’Erkmen est le cinquième décès suspect dans les prisons turques en moins de 10 jours. Garibe Gezer, prisonnière politique victime de torture et de viols, est décédée dans une cellule d’isolement disciplinaire le 9 décembre, dans la prison de haute sécurité de Kandira, à Kocaeli. Cinq jours après, l’on apprenait le décès d’Abdulrezzak Suyur dans la prison de Sakran, suivie le lendemain, de celui de Halil Güneş dans la prison de haute sécurité n°2 de Diyarbakır, puis de celle d’Ilyas Demir dans la prison de type T de Bolu le 18 décembre.