Les Etats-Unis ont imposé des sanctions à deux milices djihadistes contrôlées par la Turquie dans la région occupée d'Afrin
Des mercenaires des milices djihadistes contrôlées par Ankara brandissent les drapeaux turc et syrien sur le balcon du conseil cantonal d'Afrin lors de l'invasion de la ville en mars 2018

Les États-Unis ont imposé des sanctions à deux milices djihadistes contrôlées par la Turquie dans la région occupée d’Afrin. Celles-ci sont responsables de graves violations des droits humains dans cette région kurde du nord de la Syrie.

Les États-Unis ont édicté des sanctions contre deux milices islamistes du nord de la Syrie, ainsi que contre leurs chefs. Les mesures visent la Division Hamza (Furqat al-Hamza) et la Brigade Suleiman Shah (Al-Amshat), responsables de graves violations des droits humains dans la région kurde d’Afrin occupée par la Turquie depuis plus de cinq ans. La société Al-Safir Oto, Une concession d’automobiles détenue par le chef de la Division Hamza, ayant son siège à Istanbul, est également concernée.

Le département du Trésor des États-Unis a justifié jeudi les sanctions par les actes de violence tels que les enlèvements, les extorsions, les pillages, la torture et les abus sexuels commis sur les habitants d’Afrin par les mercenaires des deux milices. Les deux factions font partie d’une mosaïque de groupes qui font régner la terreur dans la région sous occupation turque d’Afrin, utilisant la violence pour contrôler la « circulation des biens et des personnes » dans leur zone de pouvoir respective. « Ces groupes armés ont aggravé les souffrances causées par les années de guerre civile dans le nord de la Syrie et ont entravé la reconstruction de la région en commettant de graves violations des droits de l’homme à l’encontre de groupes de population vulnérables », estime le Trésor américain.

Particulièrement impitoyables et brutales

Les brigades Hamza et Suleiman Shah font partie de l’alliance djihadiste « Armée nationale syrienne » (ANS), une coalition de milices islamistes payées, équipées et entraînées par la Turquie. Les deux milices participent, sous le contrôle d’Ankara, à l’occupation de certaines parties du nord et du nord-est de la Syrie. Responsables de nombreux crimes de guerre contre la population civile dans les zones occupées, elles ont également été utilisées en 2020 dans la guerre d’agression azerbaïdjano-turque dans le Haut-Karabakh arménien, ainsi qu’en Libye contre l’Armée nationale libyenne du général Haftar.

Tant la Division Hamza que la Brigade Suleiman Shah sont considérées comme particulièrement impitoyables et brutales dans le maintien de leur régime de terreur. Selon les Etats-Unis, cette dernière organisation, dirigée par Mohammad Hussein al-Jasim, alias Abu Amsha, s’en prend surtout aux habitants kurdes d’Afrin. De nombreuses personnes dans la région occupée depuis 2018 seraient « harcelées, enlevées et autrement maltraitées jusqu’à ce qu’elles soient forcées de quitter leurs maisons ou de payer de fortes rançons pour récupérer leurs biens ou en échange de la libération de membres de leur famille ». Le département du Trésor américain estime que les enlèvements et les pillages rapportent plusieurs dizaines de millions de dollars par an à la milice Suleiman Shah. La brigade Hamza est également impliquée dans des enlèvements, des vols de biens et des actes de torture. Elle gère par ailleurs ses propres centres de détention dans lesquels sont séquestrées les personnes enlevées. « Pendant leur captivité, les victimes sont souvent abusées sexuellement par les membres de la brigade Hamza », précise le communiqué du Trésor américain.