Au cours de la seconde session de la conférence internationale sur « l’Union européenne, la Turquie, le Moyen-Orient et les Kurdes », qui s’est tenue au parlement européen les 8 et 9 mars, l’expert allemand en désarmement, Jan van Aken, a appelé à une enquête internationale indépendante sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie.
La seconde session de la conférence qui s’est déroulée les 8 et 9 mars au parlement européen, à Bruxelles, portait notamment sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie. La table ronde était animée par l’universitaire américain Michael Gunter, secrétaire général de la Commission civique sur l’Union européenne et la Turquie (EUTCC).
Dans une allocution en visioconférence, le député allemand Jan van Aken, qui est par ailleurs membre du conseil scientifique de l’Association des Médecins pour la Prévention des Guerres nucléaires (IPPNW), s’est penché sur les allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie contre les guérilleros kurdes, dans le Sud-Kurdistan (nord de l’Irak).
L’ancien inspecteur en désarmement de l’ONU a indiqué qu’une délégation de l’IPPNW, dont il faisait partie, s’était rendue en septembre dernier au Kurdistan irakien pour enquêter sur l’usage d’agents chimiques par l’armée turque. « Cependant, a-t-il déploré, nous n’avons pas pu recueillir d’échantillons sur le terrain, en raison du refus du gouvernement régional kurde. Nous voulions aller dans la région montagneuse. Mais l’administration régionale a refusé. Nous avons donc dû nous baser sur des entretiens et des indices indirects. Lorsque j’ai commencé cette mission, je n’étais pas convaincu. Mais je peux dire aujourd’hui que les preuves recueillies font naître des soupçons. Il y a des questions qui nécessitent des réponses. »
Une enquête se justifie
« Il est très facile de fabriquer du chlore gazeux à partir de ces substances », a expliqué le biologiste, en faisant référence à des produits que l’on voit sur une vidéo filmée à l’entrée d’un tunnel de guerre à Werxelê, « Que font les soldats turcs à l’entrée d’un tunnel avec un tuyau ? », s’est-il interrogé en montrant des photos prises à un autre endroit. « Peut-il s’agir d’une attaque avec des agents chimiques? », s’est demandé le député de Die Linke qui estime qu’une enquête indépendante est nécessaire pour approfondir les analyses et vérifier les soupçons.
Aken a poursuivi : « Le Secrétariat des Nations Unies et la commission d’enquête de La Haye peuvent s’occuper de la question. Mais il faudrait pour cela qu’un État membre en fasse la demande. Nous ne pouvons affirmer actuellement que la Turquie a utilisé ces armes, mais nous disons qu’une enquête se justifie. »
Le scientifique a relevé en outre que l’utilisation de gaz lacrymogènes avait été admise par le ministère turc de la Défense lui-même, précisant que l’usage de cet agent chimique était interdit dans les conflits armés.