Vendredi 08 septembre, une commémoration a eu lieu au Centre Démocratique Kurde de Paris en hommage à Elî Çîçek et Hesen Şirnex (Hüseyin Kuluman de son vrai nom). Après une minute de silence, des déclarations ont été lues pour rappeler la contribution des deux hommes à la lutte du peuple kurde. Les circonstances de la mort des deux hommes, survenue le 28 août, restent obscures. Il semblerait que des agents du MIT, les services de renseignement turc, aient infiltré le camp de Maxmur en Irak où se trouvaient les deux hommes, et aient placé la bombe qui les a tués. D’après un habitant de Maxmur « c’est la première fois qu’une telle chose arrive dans le camp. Il y a une enquête en cours. Ils ont voulu semer la panique ».

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Difficile de ne pas relier cet assassinat à l’annonce par le PKK quelques jours plus tôt de la capture de deux agents haut placés du MIT et de leurs hommes chargés d’éliminer Cemil Bayik, un des leaders du mouvement, lors d’une dans la ville de Sulaymaniyah au Kurdistan Sud (Irak). Une capture qui embarrasse Ankara, et ridiculise ses services secrets*. Elî et Hesen sont-ils victimes de la soif de vengeance de ces derniers, ou étaient- ils ciblés en particulier ? Comment les assassins ont-ils pu s’infiltrer dans un camp fermé et sécurisé par le PKK, où les aller et venues sont contrôlées ? Autant de questions qui restent en suspens… Une hypothèse serait qu’après l’échec cuisant de leur opération, les responsables du MIT ont voulu faire une démonstration de force et montrer qu’ils pouvaient frapper à l’intérieur d’une place forte du PKK.

On en sait peu sur les deux martyrs, qui travaillaient avec le mouvement de la jeunesse kurde à Maxmur, Tevger Ciwanen Mexmur. En France et en Allemagne, nombreux sont ceux qui connaissaient Elî, comme en attestent les images qui défilent à la fin de la cérémonie et le montrent souriant, entouré d’amis dans des cortèges de manifestation, sous la pluie comme sous le soleil. Né à Nusaybin en 1986, celui-ci avait rejoint l’Europe en 2012 après avoir été emprisonné en Turquie. Très actif dans le mouvement de la jeunesse kurde, il participait à l’organisation des mobilisations en France et en Allemagne. De 2014 à 2016, il a fait parti des cadres de l’organisation en France. Le 04 avril 2016, jour de naissance du leader emprisonné du PKK Abdullah Öcalan, Elî a quitté la France pour rejoindre les montagnes de Qandil, bastion historique du PKK, et continuer là-bas sa formation. Hesen était lui originaire du camp. Les noms des deux jeunes gens viennent s’ajouter à la longue liste des victimes de la sale guerre de l’état turc.

Şehîd na mirin

  • récit de l’opération ayant conduit à la capture des agents turcs : http://www.al- monitor.com/pulse/originals/2017/09/pkk-sulaymaniyah-kurdistan-iraq-turkey-spy.html
  • https://anfenglish.com/features/ankara-demands-captured-mIt-administrators-pkk-refuses-21828
• en savoir plus sur Maxmur : http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/irak-cern-s-par-la-guerre-les-kurdes-du-camp-de-maxmur-tentent-de-vivre-en-autarcie
Par Loez