Une conférence de presse s’est tenue mardi à Bruxelles sur la tentative d’assassinat en Belgique de deux dirigeants politiques kurdes.
La conférence tenue mardi dans le Press club de Bruxelles s’est déroulée avec la participation de Zübeyir Aydar et de Remzi Kartal, les deux personnalités politiques kurdes visées par les tentatives d’assassinat, ainsi que de journalistes et d’avocats. Antoine Comte, avocat des familles des trois femmes kurdes assassinées à Paris en 2013, participait à la réunion par visioconférence.
Un rapport détaillé sur les tentatives d’assassinat, les menaces de mort, les réseaux d’espionnage et les activités d’intimidation de l’État turc en Europe a été présenté lors de la conférence de presse. Le rapport qui comprend les élément du dossier d’enquête sur les tentatives d’assassinat des dirigeants kurdes montre comment l’État turc a mené des opérations spéciales dans les pays européens.
À l’issue d’une enquête en Belgique sur la tentative d’assassinat en juin 2017 contre Remzi Kartal, coprésident du Congrès du Peuple du Kurdistan (KONGRA-GEL) et Zübeyir Aydar, membre du conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK), l’affaire a été renvoyée devant les juges, malgré les efforts du procureur pour classer le dossier.
Le dossier qui révèle l’existence d’un vaste réseau de crime et d’espionnage en Europe met en lumière le rôle de plusieurs personnes impliquées dans le massacre de Paris, dont l’ancien ambassadeur de Turquie à Paris, İsmail Hakkı Musa. Le dossier contient de sérieuses indications selon lesquelles les personnes impliquées dans la tentative d’assassinat à Bruxelles étaient coordonnées par l’ancien ambassadeur.
L’enquête a permis par ailleurs d’établir les liens de l’escadron de la mort avec Ankara. La surveillance technique, les appels téléphoniques, les photographies et les aveux confirment qu’un vaste réseau criminel, qui a participé au massacre de Paris et à la tentative d’assassinat à Bruxelles, exerce des activités pour le compte d’Ankara en Europe.
Les auteurs de la tentative d’assassinat figurent sur des photos prises à Paris et Ankara avec Adnan Tanrıverdi, ancien conseiller du président turc Recep Tayyip Erdoğan et fondateur de la société militaire privée SADAT, et Seyit Sertçelik, conseiller principal d’Erdoğan et membre du Conseil présidentiel de la politique étrangère et de sécurité.
AYDAR : TOUS LES OPPOSANTS SONT EN DANGER
L’enquête montre que le quartier général du réseau criminel se trouve en France. Cependant, les autorités françaises refusent de partager des informations avec les responsables belges, selon les intervenants.
Dans son discours d’ouverture de la conférence, Zübeyir Aydar a indiqué que l’affaire serait jugée à Bruxelles à partir du 11 mars. Il a souligné que la tentative d’assassinat à Bruxelles était « organisée » et que Yakup Koç, le chef de l’escadron de la mort, était directement lié à plusieurs institutions officielles turques, y compris l’ambassade de Turquie à Paris.
Critiquant le fait que la France n’ait pas mené une enquête sérieuse suite à l’assassinat des militantes kurdes en 2013, cela malgré les nouvelles informations apparues au cours de la procédure, il a appelé la France à juger l’État turc sur la base des nouveaux éléments.
Aydar a déclaré que le gouvernement turc a mis en place des cellules criminelles pour faire taire ses opposants en Europe. « Nous ne sommes pas les seuls, puisque tous les opposants sont en danger. Les pays européens devraient prendre des mesures sérieuses à l’encontre d’Erdogan. »
FERMON : 4 PERSONNES SONT JUGÉES POUR TERRORISME
L’avocat Jan Fermon a donné quelques informations sur l’affaire, en indiquant que quatre personnes accusées d’appartenir à une organisation criminelle et terroriste étaient jugées dans cette affaire.
Antoine Comte, l’avocat des familles des trois femmes assassinées à Paris, a déclaré que le système judiciaire français restait inefficace, et évoqué le lien entre l’agence de renseignement turque MIT et le massacre de Paris.
Il a également parlé de la relation entre Ömer Güney, l’assassin des trois militantes kurdes, avec le MIT, ainsi que de ses activités en Allemagne.
Et d’ajouter que le silence des pays européens face aux activités d’un État criminel est inacceptable.