Le 2 juillet 1993, la ville de Sivas était le théâtre d’une des attaques les plus brutales contre les Alévis.
Banderole sur laquelle figurent les photos des victimes du massacre de Sivas. On peut y lire "Nous n'oublions pas, nous ne permettrons pas l'oubli"

Le 2 juillet 1993, la ville de Sivas était le théâtre d’une des attaques les plus brutales contre les Alévis.

Un groupe d’islamistes radicaux réclamant la charia et la mort des infidèles s’est rassemblé ce jour-là autour de l’hôtel Madimak où étaient hébergés les participants au festival alévi Pir Sultan Abdal, dans la province de Sivas.

La manifestation, qui a débuté sous couvert de protestation contre le romancier Aziz Nesin, qui avait traduit et publié les « Versets sataniques » de Salman Rushdie et critiqué l’islam, s’est transformée en une attaque violente, et la foule fanatique a fini par mettre le feu à l’hôtel Madimak.

Nesin a été sauvé par les forces de sécurité, mais 33 intellectuels et artistes alévis, ainsi que deux employés de l’hôtel et deux assaillants ont trouvé la mort dans l’incendie criminel. La police n’est arrivée sur les lieux que huit heures après le massacre.

Les quelques personnes arrêtées et condamnées au terme d’un procès de 13 ans ont rapidement été libérées en vertu d’une loi d’amnistie connue sous le nom de « projet de réhabilitation ».

Les Alévis sont la deuxième plus grande communauté confessionnelle de Turquie. L’histoire de l’empire ottoman et de son héritière la République de Turquie est jalonnée de crimes massifs contre les alévis kurdes en particulier. Le génocide de Dersim qui a tué près de 100 mille personnes en 1937-38 et le massacre de Maras de 1978 en sont les exemples les plus connus.