600 requêtes en vain pour obtenir des nouvelles d'Abdullah Öcalan, détenu en isolement absolu dans la prison d'Imrali depuis 3 ans et 7 mois
Détenu depuis plus de 25 ans sur l'île-prison turque d'Imrali, le leader kurde Abdullah Öcalan est privé de toute communication avec le monde extérieur depuis le 25 mars 2021

600 requêtes pour obtenir des nouvelles d’Abdullah Öcalan, détenu en isolement absolu dans la prison d’Imrali depuis 3 ans et 7 mois, sont restées vaines.

Depuis 3 ans et 7 mois, le leader kurde Abdullah Öcalan et ses codétenus Hamili Yıldırım, Veysi Aktaş et Ömer Hayri Konar, détenus dans la prison insulaire d’Imrali, n’ont donné aucun signe de vie.

Abdullah Öcalan a rencontré ses avocats pour la dernière fois le 7 août 2019 et sa famille le 3 mars 2021. Le dernier appel téléphonique d’Abdullah Öcalan avec son frère Mehmet Öcalan, une courte conversation interrompue au bout de quelques minutes, a eu lieu le 25 mars 2021. Après cet appel, l’on n’a eu aucune nouvelle d’Abdullah Öcalan et des trois autres prisonniers politiques kurdes.

600 demandes restées sans réponse

La situation à Imrali est qualifiée d’« incommunicado » dans la littérature juridique internationale. Les recours déposés par les avocats et les familles pour dénoncer cette situation se poursuivent. Chaque semaine, les avocats du cabinet juridique Asrin et les familles renouvellent leurs demandes auprès du bureau du procureur général de Bursa et de la direction de la prison d’Imrali pour être autorisés à visiter les prisonniers d’Imrali. 

Depuis le 25 mars 2021, date du dernier contact avec Abdullah Öcalan, 600 demandes au total ont été adressées au bureau du procureur général de Bursa et à la prison d’Imrali, dont 414 par les avocats et 186 par des familles. Cependant, toutes ces demandes sont restées sans réponse ou ont été rejetées au motif que les prisonniers auraient été condamnés à des « sanctions disciplinaires », sans que les avocats puissent connaître les motifs de ces sanctions ni les contester.

Grand rassemblement le 13 octobre à Diyarbakir

Un groupe d’intellectuels, d’écrivains et de défenseurs des droits humains du Kurdistan et de Turquie a annoncé l’initiative « Justice contre l’isolement » le 5 septembre à Diyarbakir (Amed). L’initiative indique dans sa déclaration qu’elle vise à rassembler tous les segments contre l’isolement. Le 12 septembre, la plate-forme a déclaré qu’elle avait franchi une nouvelle étape dans sa campagne pour la libération d’Öcalan, annonçant un grand rassemblement le 13 octobre à Diyarbakir.

« Le droit à l’espoir »

Plus de 1 500 avocats et organisations juridiques à travers le monde ont récemment envoyé une lettre au ministère turc de la Justice, demandant l’autorisation de rendre visite au leader kurde. La lettre souligne que les prisonniers d’Imrali sont empêchés de rencontrer leurs avocats à la prison d’Imrali, en violation de la loi. Ses signataires appellent les autorités turques à mettre fin à l’isolement.

Après 3 ans de silence, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a repris à son ordre du jour un arrêt de la CEDH de 2014 condamnant la Turquie pour la peine d’emprisonnement à perpétuité aggravée prononcée à l’encontre d’Öcalan. La Cour de Strasbourg avait considéré en effet que l’impossibilité de libération conditionnelle était contraire au droit à l’espoir qui doit être reconnu à toute personne privée de liberté. Le Comité a abordé la non-exécution par la Turquie de cette décision lors de sa réunion du 17 au 19 septembre. Il a demandé à Ankara de mettre en place un mécanisme de révision des peines, avertissant qu’une résolution intérimaire serait élaborée lors de sa prochaine réunion, en septembre 2025, si aucune avancée n’était constatée d’ici-là.