Le Congrès national du Kurdistan a appelé les Nations Unies, l'Union européenne, le Conseil de l'Europe, les États-Unis et l'OTAN à faire pression sur l'État turc afin qu’il cesse les violations graves du droit international.

Le Congrès national du Kurdistan a appelé les Nations Unies, l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, les États-Unis et l’OTAN à faire pression sur l’État turc afin qu’il cesse les violations graves du droit international.

Dans un communiqué publié suite à l’attaque d’invasion lancée ce mercredi par l’armée turque, dans la région de Garê, au Sud-Kurdistan (irak), le Conseil exécutif du Congrès national du Kurdistan (KNK) a dénoncé l’agression et appelé la communauté internationale à une réponse urgente face aux violations graves et répétées du droit international par la Turquie. 

Voici l’intégralité de ce communiqué :

« Les forces armées turques ont lancé aujourd’hui, entre 3 heures et 6 heures du matin, une offensive militaire transfrontalière de grande envergure dans la région de Garê au Sud-Kurdistan (nrod de l’Irak). Les frappes aériennes turques ont visé les villages de Guzê, Meyrokê, Siyanê, Çemşerîtkê, Yekmalê et Kanîsarkê, et des soldats ont été parachutés dans la région avec des hélicoptères Cobra et Sikorsky. Les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se battent depuis l’aube pour repousser les forces d’invasion, et de lourds affrontements sont en cours.

Le régime du président turc Recep Tayyip Erdogan a clairement l’intention d’étendre son occupation militaire dans le Sud-Kurdistan. En réponse à la profonde crise que traverse actuellement la Turquie, il a opté pour l’intensification des agressions militaires afin de renforcer l’emprise d’Erdogan sur le pouvoir. La résistance de plus en plus grande opposée par les Kurdes reste l’obstacle le plus redoutable à l’expansionnisme néo-ottoman et à la stratégie d’occupation d’Erdogan dans le nord et l’est de la Syrie, ainsi que dans le Sud-Kurdistan. Erdogan cherche de toute urgence à faire taire les Kurdes pour protéger l’existence de son État en déclin, de plus en plus isolé et antidémocratique.

Alors qu’Erdogan a fait des promesses vides de sens à l’UE et aux États-Unis concernant d’éventuelles réformes, son ministre de la défense, Hulusi Akar, s’est rendu à l’étranger, visitant Bagdad et Erbil en janvier et Berlin au début de ce mois, dans le but d’obtenir un feu vert pour une nouvelle étape dans la guerre de la Turquie contre le peuple kurde et pour l’expansion turque dans la région. Le 9 février, pour obtenir le soutien du nouveau président américain Joe Biden, Akar a proposé de négocier l’utilisation par la Turquie du système de défense aérienne russe S-400. Erdogan et Akar savent que l’armée turque ne pourra pas étendre son occupation dans le Sud-Kurdistan sans faire face à la résistance kurde.

Erdogan voit dans l’extension de l’occupation du Sud-Kurdistan un moyen de surmonter sa crise d’État. Ces derniers jours, non seulement les Kurdes mais aussi les forces démocratiques de toute la Turquie ont protesté contre le régime dictatorial d’Erdogan. Depuis plus d’un mois, les étudiants et le personnel de la prestigieuse université Bogazici d’Istanbul ont manifesté contre le régime d’Erdogan, et leurs protestations bénéficient d’une couverture et d’un soutien à l’échelle nationale. Au début de ce mois, le Parti démocratique des Peuples (HDP) a lancé sa campagne « Justice pour tous », soutenue par une large coalition de groupes d’opposition. Dans le même temps, la grève de la faim des prisonniers politiques kurdes pour mettre fin à l’isolement du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan se poursuit depuis 76 jours. À l’approche du 22e anniversaire de l’enlèvement d’Öcalan, le 15 février 1999, les demandes des grévistes de la faim et les appels plus larges en faveur de la liberté d’Öcalan continuent de faire pression sur le régime d’Erdogan.

Plutôt que de répondre aux demandes légitimes de démocratisation, Erdogan a réitéré sa déclaration de guerre contre le peuple kurde. L’État turc ne peut pas mener cette guerre seul, il a besoin de l’aide internationale de l’UE, des États-Unis et de l’OTAN. Si l’État turc reçoit cette aide, Erdogan aura un laissez-passer pour continuer à violer les droits humains et le droit international à travers les agressions militaires, l’expansion territoriale et le nettoyage ethnique. Nous appelons les Nations Unies, l’UE, le Conseil de l’Europe, les États-Unis et l’OTAN à faire pression sur l’État turc afin qu’il se conforme au droit international. Pour une solution pacifique en Turquie, nous appelons également les gouvernements et les institutions internationales à contraindre l’État turc à mettre en œuvre les recommandations du Conseil de l’Europe et du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) et à lever l’isolement imposé à Abdullah Öcalan afin de permettre un dialogue politique visant à instaurer la paix en Turquie et dans la région au sens large. Enfin, nous appelons la communauté internationale à exiger avec nous le retrait inconditionnel et immédiat des forces turques du sud-Kurdistan et du nord et de l’est de la Syrie. »