Un tribunal d'Ankara a rejeté la demande de libération de Selahattin Demirtas, faisant fi de la décision de la décision de la CEDH.
L'ancien député du HDP Selahattin Demirtas est détenu dans les geôles turques depuis son arrestation en novembre 2016, avec de nombreux autres élus et politiciens kurdes

Un tribunal d’Ankara a rejeté samedi la demande de libération de l’ancien co-président du HDP, Selahattin Demirtas, en invoquant l’absence de traduction en turc de l’arrêt récent de la Cour européenne des droits de l’homme qui exige la libération immédiate de l’homme politique kurde détenu depuis 2016.

Dans une décision rendue samedi, un tribunal d’Ankara a rejeté la demande de libération de l’ancien coprésident du Parti démocratique des Peuples (HDP), Selahattin Demirtas. Pour justifier sa décision, le tribunal de première instance a invoqué « l’absence de traduction » en langue turque de la décision récente de la Cour européenne des droits de l’homme (CDEH) ordonnant la libération de l’ancien député kurde détenu dans les geôles turques depuis novembre 2016. « Les avocats du requérant n’ont joint qu’un exemplaire en anglais à leur demande de libération. Ainsi, l’arrêt de la CEDH ne peut être pris en compte pour un réexamen du mandat d’arrêt », a déclaré le tribunal.

Dans un arrêt rendu le 22 décembre, la CEDH a estimé que la détention de Selahattin Demirtas était motivée par des raisons politiques et demandé sa libération immédiate. L’instance européenne a condamné en outre la Turquie à 60 400 euros de dommages et intérêts. Suite à l’arrêt, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la CEDH d’ « hypocrisie » et déclaré qu’avec cette décision, la Cour soutenait un « terroriste ».

La Cour de Strasbourg avait déjà jugé en novembre 2018 que la détention de Demirtas constituait une violation de la Convention européenne des droits de l’homme et exigé sa libération. La Turquie avait cependant refusé d’appliquer cette décision, la contournant par une condamnation ad hoc dans le cadre de l’une des innombrables procédures pénales engagées contre l’homme politique kurde.