Suite aux attaques contre l'Agence de presse kurde Mezopotamya à Van, des journalistes dénoncent la répression du régime d’Erdogan

Réagissant aux attaques contre le siège de l’Agence de presse kurde Mezopotamya à Van, des journalistes dénoncent la répression exercée par le régime d’Erdogan contre les personnes qui révèlent la vérité.

La répression se poursuit contre les correspondants de l’agence de presse Mésopotamie (MA) à Van, depuis la révélation des actes de torture infligés par l’armée turque à deux villageois kurdes, Servet Turgut et Osman Siban. Ces derniers avaient été arrêtés le 11 septembre par l’armée turque, torturés et jetés d’un hélicoptère. Peu après, Servet Turgut est décédé de ses blessures.

Suite à la révélation des faits par MA, Adnan Bilen et Cemil Uğur, correspondants de MA, ainsi que Şehbiran Abi et Nazan Sala, journalistes de l’agence de presse féminine Jinnews, ont été arrêtés le 9 octobre et incarcérés. Un autre journaliste de MA, Dindar Karatas, a été placé en garde à vue hier, 24 novembre tandis que le siège de l’agence de presse a été perquisitionné pour la seconde fois en moins de deux mois.

Des journalistes travaillant pour différents médias à Van ont réagi à la répression croissante exercée contre la presse par le régime islamo-nationaliste turc.

Hikmet Tunç, correspondante de Jinnews, a déclaré que les journalistes se heurtaient à des obstacles pour chaque information, même après la levée de l’état d’urgence (OHAL), précisant que les journalistes indépendants travaillant dans la ville faisaient systématiquement l’objet d’enquêtes.

Rappelant les 4 journalistes emprisonnés après la révélation de l’incident de l’hélicoptère, la journaliste a déclaré ce qui suit : « Les journalistes prennent énormément de risques en divulguant les actes de torture commis contre les citoyens. Nous élevons la voix malgré toutes les violences car nous avons la responsabilité d’informer le public. Nous avons promis de relayer ces faits même si nous devons être emprisonnés pour cela. Nous continuerons de le faire en toutes circonstances. Nous ne permettrons pas que les violations et les actes de torture soient dissimulés. »

« LES AUTORITÉS NOUS INCRIMINENT SUR LE FONDEMENT DE NOS ÉCRITS »

Oktay Candemir, journaliste travaillant à Van depuis 18 ans, a déclaré : « Malgré les dispositions législatives censées garantir la liberté de la presse, les journalistes sont constamment réprimés, leurs domiciles sont saccagés, ils sont détenus et leurs documents numériques confisqués. Nous sommes fréquemment confrontés à ces pressions. Depuis un an, les activités de journalisme sont pratiquement interdites, en particulier à Van. »

Faisant référence à « l’interdiction de toutes actions et activités » qui est en place depuis plus de quatre ans dans la ville de Van, Candemir a déclaré que les journalistes ne peuvent pas rapporter les nouvelles en raison des interdictions. Il a continué : « La répression s’abat sur toutes les personnes qui écrivent, dessinent ou rapportent par n’importe quel moyen les violations de droits. La presse libre est soumise à une oppression très violente. Il faut que cela cesse. Nous faisons tous du journalisme. Les autorités nous incriminent sur le fondement de nos écrits. Nos articles sont considérés comme des preuves criminelles. Si vous voulez savoir si les droits et libertés sont respectés dans un pays, regardez la situation des journalistes dans ce pays. »

ALLER AU-DELÀ DES SLOGANS

La journaliste Ruşen Takva a souligné qu’il fallait aller au-delà des slogans de solidarité.

Takva a lancé l’appel suivant aux journalistes et aux organisations professionnelles : « Les organisations professionnelles doivent prendre des mesures urgentes. Nous disons que « le journalisme ne peut être réduit au silence », mais malheureusement, le système le fait taire. Nous disons que « le journalisme ne peut être jugé », mais malheureusement, il est jugé. Nous disons que « le journalisme n’est pas un crime », mais les journalistes sont inculpés dans tous les domaines. Par conséquent, nous devons aller au-delà des slogans et proposer quelque chose de concret, main dans la main. »

ÊTRE LA VOIX DE LA SOCIÉTÉ

Le journaliste İdris Yılmaz, correspondant de MA, a également noté que les journalistes qui rapportent les faits font l’objet de pressions judiciaires.

« Après les premières arrestation, de nouveaux collègues ont immédiatement pris le relai. Les journalistes viennent volontairement reprendre le stylo que leurs amis ont été contraints de laisser. Ils continuent le journalisme. La presse libre continuera à être la voix de la société et ne cédera pas à de telles pressions politiques. »

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