Le Comité de santé de Deir ez-Zor appelle au soutien des organisations internationales dans un contexte de hausse des cas de choléra
L'hôpital de Kasra, au nord-ouest de Deir ez-Zor

Le Comité de santé de l’ouest de Deir ez-Zor appelle au soutien des organisations internationales compétentes, dans un contexte de hausse des cas de choléra.

Le Conseil de santé de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a annoncé que 3 personnes étaient décédées du choléra à Deir ez-Zor et Raqqa, et que des centaines d’autres avaient développé des symptômes au cours des derniers jours. Face à cette augmentation inquiétante des cas de choléra, le comité de santé de l’ouest de Deir ez-Zor a lancé un appel aux institutions internationales et aux ONG compétentes, leur demandant de fournir une aide médicale, notamment du matériel, des sérums et des lits, afin de contenir l’épidémie.

Ces derniers mois, le manque de stérilisation et de filtrage de l’eau dans les stations d’eau, ainsi que des pratiques d’élimination des déchets peu hygiéniques, ont entraîné la contamination des réserves d’eau potable.

Selon le centre d’information du Rojava (RIC), cette situation est liée à la baisse du débit de l’Euphrate. Le choléra est une bactérie transmise par l’eau et la réduction de l’approvisionnement en eau douce augmente le risque d’épidémies de choléra.

Depuis janvier 2021, le débit d’eau de l’Euphrate entrant dans le nord de la Syrie depuis la Turquie a considérablement diminué, passant sous la barre des 200 m³/s, malgré un accord Syrie-Turquie de 1987 qui stipulait que la Turquie ne réduirait pas la quantité d’eau entrant en Syrie en dessous de 400 m³/s.

La Turquie poursuit la réalisation de ses projets d’irrigation et de production d’énergie sur l’Euphrate, ce qui conduit à une forte limitation du débit d’eau vers le nord et l’est de la Syrie.

La Turquie a par ailleurs refusé de signer la convention des Nations unies sur l’eau de 1997. Cette convention exige des pays qu’ils partagent les rivières de manière équitable et qu’ils ne causent pas de dommages significatifs aux États co-riverains.

La baisse du niveau de l’Euphrate a affecté le fonctionnement des 3 barrages contrôlés par l’AANES, les turbines des barrages devenant inopérantes en raison du faible débit d’eau. Ainsi, l’Administration autonome a été contrainte de réduire, voire d’arrêter complètement l’activité des stations hydrauliques.

Fawaz Awad al-Atish, directeur adjoint de la direction de l’eau potable, a récemment déclaré que 65 stations hydrauliques de Deir ez-Zor avaient été contraintes de réduire leurs heures de fonctionnement en raison de la baisse du niveau de l’Euphrate.

Le directeur et ingénieur du barrage de Tishreen, Hammoud al-Hamadin, a expliqué que lorsque le débit d’eau est réduit dans une rivière, les concentrations de contaminants, de polluants et de déchets sont plus élevées. La baisse du niveau des rivières crée également des bassins stagnants et des bourbiers où les bactéries pathogènes peuvent se développer.

En outre, lorsque l’eau est réduite en quantité et que les sources habituelles se tarissent, comme cela a été le cas avec l’Euphrate dans le nord de la Syrie, les gens sont contraints de revenir à des comportements de consommation à risque, en consommant de l’eau impure.

Ce n’est pas le premier cas d’épidémie due à la restriction du débit de l’Euphrate par la Turquie : les cas de leishmaniose ont fortement augmenté, car les phlébotomes qui propagent la maladie se développent dans les lits marécageux et asséchés des rivières.

En juin 2021 déjà, le médecin en chef de l’hôpital public de Hassaké avait fait état de cas quotidiens de diarrhées et de maladies d’origine hydrique.

« La population du nord et de l’est de la Syrie dépend fortement de l’Euphrate dans sa vie quotidienne, que ce soit pour l’eau potable, l’agriculture, la pêche ou l’énergie. La pénurie d’eau affecte considérablement ses conditions de vie », a déclaré récemment Walat Darwish, co-président du bureau de l’énergie de l’AANES.