Au Sud-Kurdistan, les manifestations contre la corruption sont violemment réprimées par les forces de sécurité. 8 personnes tuées.
Au cours des manifestations contre la corruption au Sud-Kurdistan, les manifestants ont mis le feu à de nombreux bâtiments publics ainsi qu'à des sièges de partis politiques

Au Sud-Kurdistan, les manifestations menées depuis plus d’une semaine pour protester contre la corruption du gouvernement régional sont violemment réprimées par les forces de sécurité. Hier soir, le bilan s’élevait à 8 morts.

A Sulaymaniyah, un manifestant a été abattu mercredi par les forces de sécurité, pendant les manifestations contre le gouvernement régional du Kurdistan (KRG). Le Haut Conseil de Sécurité du gouvernorat a annoncé qu’il interdirait les manifestations non autorisées.

A Halabja et dans le district d’Arbat, près de Sulaymaniyah, les manifestations antigouvernementales se sont poursuivies dans la soirée de mercredi. Selon RojNews, un jeune homme a été abattu par les forces de sécurité à Arbart, tandis que trois personnes ont été blessées.

Entre-temps, le Haut Conseil de sécurité de Sulaymaniyah a annoncé qu’il ne tolérerait plus les manifestations non autorisées. En conséquence, les personnes qui ont incité à ou endommagé les biens de l’État sont recherchées. Le conseil a appelé les acteurs politiques et les médias à se comporter de manière responsable.

Dans la région de Sulaymaniyah, des manifestations ont eu lieu au cours de la journée de mercredi dans de nombreux endroits, notamment à Ranya, Qeladiz, Dukan, Chamchamal, Piremegrun et Derbendixan, où les habitant.es sont à nouveau descendu.es massivement dans la rue.

Deux personnes sont mortes lors des manifestations de mercredi. Selon des témoins, la deuxième victime est un homme entre 50 et 60 ans qui a été battu à mort avec des matraques par les forces de sécurité à Dukan. Lundi et mardi, six personnes ont perdu la vie, dont un garçon de 12 ans.

Depuis le 6 décembre, les manifestations contre le non-paiement des salaires des employés de la fonction publique, la corruption endémique, le manque de services publics, en particulier dans l’approvisionnement en électricité et en eau, et le chômage élevé, se sont intensifiées. Dans plusieurs villes, les sièges des partis au pouvoir, PDK (Parti démocratiques du Kurdistan) et UPK (Union patriotique du Kurdistan), ainsi que des bâtiments publics ont été incendiés. Les forces de sécurité sévissent contre les manifestants avec une grande brutalité; huit personnes ont été tuées depuis le 2 décembre. Des dizaines d’autres personnes ont été blessées, certaines gravement. Sept des morts ont été causées par l’utilisation d’armes à feu par les forces de sécurité, deux des manifestants tués étaient des mineurs.

Le Premier ministre Masrour Barzani (PDK) a évoqué les manifestations mercredi à l’issue d’un conseil des ministres et accusé des «provocateurs venant de l’extérieur», affirmant que les émeutes étaient destinées à déstabiliser la région du Kurdistan.

Les villes de Sulaymaniyah, Halabja et Ranya ainsi que la région de Germiyan ont été bloquées par ordre du gouvernement hier, et l’entrée et la sortie des villes sont interdites jusqu’à nouvel ordre.