775 avocats ont demandé à rencontrer le leader kurde Abdullah Öcalan ainsi que ses codétenus sur l’île-prison d’Imrali.
Conférence de presse tenue par l'ÖHD à Diyarbakir

775 avocats rattachés à 29 barreaux ont déposé une demande auprès du procureur de Bursa pour rencontrer le leader kurde Abdullah Öcalan ainsi que ses codétenus sur l’île-prison d’Imrali.

L’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) a tenu une conférence de presse dans un hôtel à Diyarbakir au sujet de l’interdiction faite aux avocats de rencontrer le leader kurde Abdullah Öcalan et ses codétenus Veysi Aktaş, Hamili Yıldırım et Ömer Hayri Konar, détenus en isolement aggravé dans la prison de l’île d’İmralı, en mer de Marmara.

Outre de nombreux avocats issus de différents barreaux, des représentants de plusieurs organisations de la société civile, telles que l’Association des Droits de l’Homme (IHD) et la Fédération de solidarité avec les familles des prisonniers (MED TUHAD-FED), ont assisté à la conférence de presse.

Ekin Yeter, membre du bureau central de l’ÖHD, a rappelé qu’aucun avocat n’avait pu rencontrer Öcalan depuis le 7 août 2019. Quant aux codétenus du leader kurde, Hamili Yıldırım, Ömer Hayri Konar et Veysi Aktaş, ils n’ont reçu aucune visite d’avocats depuis leur transfert à la prison d’Imrali en mars 2015, a-t-elle précisé.

Mme Yeter a souligné par ailleurs qu’on n’avait aucune nouvelle des prisonniers d’Imrali depuis le 25 mars 2021, déclarant que l’impossibilité de toute communication avec le monde extérieur pendant une aussi longue période, en l’occurrence 15 mois, constituait une violation de l’interdiction de la torture et des traitements inhumains et dégradants. « Cette situation, contraire aux conventions internationales et au droit interne, suscite de graves inquiétudes quant aux conditions de détention des prisonniers d’Imrali. C’est une obligation légale de répondre à ces préoccupations et de garantir leur droit de visite », a ajouté la défenseuse des droits humains.

Et d’annoncer que 775 avocats inscrits à 29 barreaux, y compris des représentants d’institutions et des bâtonniers, avaient demandé au procureur général de Bursa une autorisation de visite à la prison d’Imrali entre le 10 et le 17 juin.

L’INTERDICTION DE VISITE EST CONTRAIRE AUX CONVENTIONS INTERNATIONALES

Prenant la parole à son tour, le coprésident de l’ÖHD, Bünyamin Şeker, a déclaré : « Transférés à la prison d’Imrali en 2015, Konar, Aktaş et Yıldırım n’ont pas été autorisés à rencontrer leurs avocats depuis. L’interdiction des visites des avocats est en vigueur depuis des années pour divers motifs. Les autorités ont longtemps empêché les visites en prétextant de « conditions météorologiques défavorables » ou de « bateaux en panne ». Depuis 2011, les avocats n’ont été autorisés à rencontrer Öcalan qu’à cinq reprises, ces rencontres ayant eu lieu en 2019, après une grande vague de grève de la faim dans les prisons. La dernière visite a eu lieu le 7 août 2019. Et depuis un appel téléphonique en mars 2021, il n’y a plus de nouvelles de lui. L’interdiction de visite qui émane du juge d’exécution des peines de Bursa est contraire aux conventions internationales. »

L’ABSENCE DE NOUVELLES SUSCITE DES INQUIÉTUDES

Şeker a souligné que l’ÖHD et de nombreuses ONG avaient dénoncé l’illégalité de l’interdiction. « Nous avons publié une déclaration avec 768 avocats pour dénoncer cette interdiction illégale et inciter le ministère de la Justice à répondre à nos demandes. Nous avons soumis des demandes au CPT et au Conseil de l’Europe. Cependant, nous n’avons obtenu aucun résultat. »

« L’absence d’informations concernant la prison d’Imrali suscite beaucoup d’inquiétudes. En avril, nous avons fait une demande collective sous l’égide de l’ÖHD. Aujourd’hui, nous sommes 775 avocats de 29 barreaux à déposer une demande pour rencontrer les détenus d’Imrali. Des demandes ont également été déposées par des institutions en Europe. Cependant, le Ministère de la Justice persiste dans cette illégalité. Nous renouvelons notre appel : l’interdiction de visite des avocats doit être levée. Öcalan et les trois autres prisonniers doivent être autorisés à rencontrer leurs avocats », a déclaré Şeker.

« LA LEVÉE DE L’ISOLEMENT SERAIT UN PAS VERS LA REPRISE DU PROCESSUS DE PAIX »

Déclarant que son association avait de tout temps demandé la fermeture de la prison d’Imrali, le coprésident de l’IHD, Öztürk Türkdoğan, a ajouté : « L’interdiction faite à Öcalan et à trois autres détenus de rencontrer leurs familles et leurs avocats va à l’encontre des lois et règlements d’exécution, des conventions internationales et des ‘Règles Nelson Mandela’. Nous soutenons la demande faite par 775 avocats de rencontrer les détenus. En tant qu’institution, nous considérons que l’isolement est une pratique inacceptable. J’espère que le juge d’exécution de Bursa lèvera l’interdiction et que le gouvernement fera également un pas en avant. Nous savons que tout cela est lié à la question kurde. La levée de l’isolement serait un pas vers la reprise du processus de paix. »