Tout au long de cette nouvelle année, Rojinfo publiera, un par un, les articles du site internet mis en place dans le cadre de la campagne « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan », une action lancée par le Mouvement des Femmes kurdes en Europe (TJK-E) à l’occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre 2020.

Tout au long de cette nouvelle année, Rojinfo publiera, un par un, les articles du site internet mis en place dans le cadre de la campagne « 100 raisons pour juger le dictateur Erdogan », une action lancée par le Mouvement des Femmes kurdes en Europe (TJK-E) à l’occasion de la journée internationale des violences faites aux femmes, le 25 novembre 2020. 

L’objectif de la campagne, telle que présentée par le TJK-E, est de recueillir 100 000 signatures jusqu’au 8 mars, mais aussi de « partager des histoires de femmes assassinées, d’agir et de créer des alliances contre le féminicide et le fascisme. » L’organisation des femmes kurdes se propose ainsi d’être « la voix des femmes assassinées face au dictateur qui ne cesse de commettre des massacres chaque jour. »

Le site recense 100 des crimes commis par le régime d’Erdogan à l’encontre des femmes. Nous publions ici l’article présenté comme la 1ère raison de juger le président turc Recep Tayyip Erdogan, à savoir l’assassinat de la fondatrice du PKK Sakine Cansiz, exécutée à Paris le 9 janvier 2013, en même temps que les militantes kurdes Fidan Dogan et Leyla Saylemez. Ces crimes commandités par les services de renseignement turcs demeurent, à ce jour, impunis. C’est pourquoi, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a lancé un appel à manifester pour la justice, à l’occasion du 8ème anniversaire des assassinats, le 9 janvier prochain. Des manifestations doivent avoir lieu ce jour-là un peu partout en France, notamment dans la capitale où une grande marche est prévue au départ de la Gare du Nord, à 14 heures.

Née le 12 février 1958 à Dersim, au Nord-Kurdistan, Sakine Cansiz était la Cofondatrice du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) ; elle a joué un rôle de premier plan dans le développement du mouvement des femmes kurdes. Dans les années 1980, la militante kurde a été arrêtée par la police turque et torturée dans la prison de Diyarbakir. Elle est connue pour sa résistance contre la torture et les pratiques d’assimilation dans les Prisons de Turquie.

Sakine Cansiz a rejoint le mouvement de libération kurde à un moment où celui-ci était en cours de formation. Elle est l’une des rares femmes à avoir participé au congrès fondateur du PKK. Elle a poursuivi sa lutte, sans interruption, jusqu’à sa mort violente le 9 janvier 2013, en compagnie de Fidan Dogan et de Leyla Saylemez.

Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été exécutées d’une balle dans la tête dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan, au 147 rue La Fayette, à Paris. L’enquête menée en France a révélé de nombreux indices selon lesquels le meurtrier présumé Ömer Güney, arrêté quelques jours après le crime, avait agi pour le compte des services secrets turcs (MIT), comme le confirme l’acte d’accusation : « De nombreux éléments de la procédure permettent de suspecter l’implication du MIT dans l’instigation et la préparation des assassinats. »

Bien qu’Ömer Güney ait été identifié par les autorités françaises comme la personne recrutée pour appuyer sur la gâchette, il semble qu’aucun effort n’ait été entrepris par la France pour faire la lumière sur l’arrière-plan de ces crimes politiques. Le meurtrier, Ömer Güney, a été déclaré « mort en prison ». Les autorités françaises ont ainsi tenté de dissimuler des assassinats politiques de haut niveau. Cependant, pour un sens de la justice significatif, il ne suffit pas de révéler simplement l’auteur du massacre ; les forces qui ont commandité et planifié ce crime doivent également être identifiées.