Les corps de près de 30 personnes qui ont perdu la vie pendant le couvre-feu à Nusaybin n'ont pas été remis à leurs familles depuis 6 ans
Leyla Deger devant le portrait de son fils Abdulselam tué en 2016 durant le siège de Nusaybin par l'armée turque

Les corps de près de 30 personnes qui ont perdu la vie pendant le couvre-feu à Nusaybin n’ont pas été remis à leurs familles depuis 6 ans. Leyla Değer, mère d’une des victimes, a appelé les familles à s’unir pour réclamer les corps de leurs enfants.

Entre le 16 août 2015 et le 14 mars 2016, huit couvre-feux ont été déclarés dans le district de Nusaybin à Mardin pour mater les revendications de la population pour l’autodétermination. Le 8e couvre-feu, au cours duquel de nombreux civils ont été tués, a été déclaré le 14 mars 2016, alors que la ville, théâtre de violents affrontements, avait été complètement évacuée.

Combien de victimes exhumées ?

Après les affrontements, diverses déclarations ont été faites concernant ceux qui ont perdu la vie dans la ville. Selon les dossiers du parquet, 69 policiers, soldats et gardes de village ont perdu la vie et 528 ont été blessés. Les Unités de défense civile (YPS), quant à elles, ont annoncé que 51 de leurs membres avaient perdu la vie à Nusaybin. Selon les archives de l’Association des familles des victimes (MEBYADER), 83 corps ont été exhumés dans la ville.

Dans l’attente d’une correspondance ADN

Six années se sont écoulées, mais de nombreux corps n’ont toujours pas été remis à leurs familles. Après la fin du couvre-feu, des échantillons d’ADN ont été prélevés sur les corps transférés à Mardin, Antep, Urfa et Malatya. Les corps n’ont pas été remis à leurs familles au motif que l’ADN ne correspondait pas.

6 ans à la recherche de son fils

Leyla Değer cherche depuis 6 ans à récupérer le corps de son fils Abdülselam Değer (Kendal), qui a perdu la vie à Nusaybin. On lui dit qu’aucun ADN ne correspond. Elle dit avoir appris la nouvelle de la mort de son fils à la télévision. « Nous ne pouvions pas trouver son corps. Nous sommes allés demander le corps. Ils ont dit que ce n’était pas le corps de notre fils. Nous avons également donné des échantillons de sang à trois reprises. Je veux que mon fils ait une tombe. Mais je ne l’ai pas trouvé. Je le cherche toujours. 6 ans se sont écoulé. »

Déclarant qu’elle a été appelée par le bureau du procureur et qu’on lui a dit qu’elle avait « un colis » à récupérer, la mère pensait qu’ils allaient livrer les restes de son fils dans un paquet, comme cela était arrivé à la mère d’Agit İpek, combattant kurde des Forces de défense du peuple (HPG). « Je me suis beaucoup inquiétée. Je pensais à la mère d’Agit. Il y avait un orage, il pleuvait abondamment. Je suis allé au bureau du procureur. Ils m’ont donné un dossier. Ils ont dit que le corps n’était pas encore identifié. Je n’ai pas reçu d’autres nouvelles depuis ce jour-là. »

Un appel à toutes les familles

Rappelant que les corps d’autres victimes n’avaient toujours pas été rendus à leur famille, Değer a lancé un appel aux autres familles : « Que toutes les familles se rassemblent. Poursuivons le combat de nos enfants. Restons unies. »