Un prisonnier kurde incarcéré dans une prison d'İzmir aurait subi des tortures à l’hôpital après qu’il ait refusé de se faire soigner menotté
Latif Mollaahmetoğlu (à gauche), incarcéré à Izmir

Un prisonnier du nom de Latif Mollaahmetoğlu, incarcéré dans une prison d’İzmir, aurait subi des tortures à l’hôpital après qu’il ait refusé de se faire soigner en étant menotté.

Latif Mollaahmetoğlu est détenu dans la prison de type F n° 2 d’İzmir. Il a été emmené à l’hôpital le 4 mars parce qu’il se plaignait de douleurs à l’estomac. À l’occasion d’une communication téléphonique avec sa soeur le 6 mars, il a indiqué avoir été victime de torture et de mauvais traitements à l’hôpital.

Selon la soeur, Dilan Mollaahmetoğlu, les mauvais traitements ont commencé après que le prisonnier ait refusé de se faire examiner les mains menottées. Le médecin aurait réagi de manière très hostile à son refus et demandé aux policiers de l’emmener. 

Alors que l’homme protestait, disant qu’il avait le droit de se faire soigner sans les menottes, les policiers l’auraient fait sortir de force de la chambre d’hôpital.  « Quatre soldats ont attaqué mon frère et l’ont torturé. Ils l’ont emmené vers l’escalier de secours où ils l’ont battu. L’un d’eux lui a donné un coup de botte sur la tête, un autre un coup de pied dans le cou alors qu’il était à terre. Ils ont piétiné ses mains menottées. Mon frère a dit qu’il avait encore des cicatrices sur les bras », a déclaré la jeune femme, relatant les propos de son frère.

Et de poursuivre : « Les soldats ont traîné mon frère tout en l’insultant. Ils lui ont donné des coups de pied et des gifles, en disant ‘c’est un hôpital public’. Ils l’ont fait descendre dans une pièce vide. Quatre autres soldats sont arrivés, ils ont continué à frapper mon frère à la tête, au cou, au menton et au nez. Il a été gravement blessé. Il est actuellement incapable de bouger le cou. »

Mollaahmetoğlu aurait été ensuite emmené à l’institut de médecine légale. Celui-ci aurait cependant établi un rapport biaisé, constatant juste que l’intéressé souffrait de contusion, sans faire aucun examen. Dilan Mollaahmetoğlu a dit craindre que son frère n’ait des fractures.

« C’est la deuxième fois, a-t-elle ajouté, que nous vivons une chose aussi terrible. Il y a cinq ans, il a été frappé à la tête avec un tabouret en fer. Nous signalons les incidents à l’Association des droits de l’homme (İHD). Nous avons également fait une demande auprès de l’Organisation turque pour l’égalité et les droits humains (TİHEK). J’ai envoyé un mail au ministère de la Justice, à l’administration pénitentiaire et aux députés. Nous ferons entendre notre voix quoi qu’il arrive. Il y a quelques semaines, le bureau du procureur a lancé une enquête contre moi parce que je m’intéressais aux prisons. En tant que famille, nous allons déposer une plainte contre les soldats qui ont participé à cette torture, contre l’administration pénitentiaire qui la légitime et contre le médecin qui a imposé le traitement menotté et provoqué la torture. »