Le prisonnier politique kurde Abdulkadir Kuday est décédé dans une prison d’Istanbul. Ce père de quatre enfants était gravement malade et alité. Sa libération avait été refusée à plusieurs reprises.
Abdulkadir Kuday est décédé mercredi matin à la prison de Metris, à Istanbul. Son décès a été annoncé par son frère Salih Kuday. Les proches du défunt se sont rendus sur place pour récupérer son corps.
Abdulkadir Kuday était en prison depuis dix ans. Né en 1972, ce prisonnier politique kurde était gravement malade. Il souffrait notamment de sclérose latérale amyotrophique (SLA), une maladie qui entraîne une paralysie et des convulsions croissantes. Ce père de quatre enfants avait été condamné à une peine de prison à vie aggravée après sa participation en octobre 2014 à des manifestations en soutien à Kobanê. Cette petite ville du nord de la Syrie était alors assiégée par l’organisation terroriste État islamique (EI).
En 2021 déjà, un médecin avait constaté dans un rapport que Kuday « ne pouvait pas survivre en prison ». Les autorités pénitentiaires ont néanmoins jugé que son état était compatible avec la détention. Transféré par la suite dans la prison de Metris, il avait perdu en grande partie sa capacité de parler ainsi que sa mobilité, se déplaçant en fauteuil roulant. Le parquet pénitentiaire avait systématiquement rejeté ses demandes de mise en liberté, estimant qu’il représentait toujours un “danger pour la société”. En dernier lieu, Kuday devait être placé sous respiration artificielle.
Après sa dernière visite au prisonnier, le 17 septembre, son avocat, Tahir Demirci, avait de nouveau demandé sa libération, en vain. Il faut s’attendre à tout moment à de mauvaises nouvelles, avait-il alors averti.
Jugé responsable de la mort de deux partisans de l’EI lors des manifestations de 2014 à Kiziltepe (Qoser), Kuday avait été condamné pour meurtre et atteinte à l’intégrité de l’État à l’issue d’un procès expéditif. Sa condamnation à la peine de prison à vie sans perspective de libération avait été confirmée par la Cour de cassation. L’affaire était pendante devant la Cour constitutionnelle. Le politicien kurde Salih Kuday, frère du prisonnier, avait affirmé que celui-ci n’avait rien à voir avec les meurtres qui lui étaient imputés.