Le TEV-DEM a dénoncé l'influence de la Turquie sur l’ENKS, disant que cela nuisait aux pourparlers d’unité nationale entre les Kurdes du Rojava
Xerîb Hiso, Coprésident du TEV-DEM

Xerîb Hiso, Coprésident du Conseil exécutif du Mouvement de la société démocratique (TEV-DEM)*, a déclaré à l’agence de presse kurde ANF que la Turquie avait une influence majeure sur l’ENKS et que ceci nuisait à l’évolution des pourparlers d’unité nationale entre les Kurdes du Rojava.

Commencés au début de l’année, les pourparlers sur l’unité kurde menés au Rojava entre les Partis d’Unité nationale kurde (PYNK, alliance de 25 partis et mouvements kurdes de Syrie) et le Conseil national kurde (ENKS) piétinent depuis quelques temps en raison de « l’opposition de l’ENKS à l’éducation en kurde, au système de coprésidence et à l’administration autonome ».

M. Hiso a déclaré : « Le fait que l’ENKS se rende à Ankara après chaque phase de pourparlers au Rojava et fasse des déclarations à ce sujet, affecte négativement les négociations. Cela provoque une réaction, non seulement chez nous, mais aussi au sein de la société. La communauté kurde considère l’État turc comme un ennemi et une force d’occupation. La réaction de la population concerne ces réunions entre l’ENKS et la Turquie, qu’elle considère comme un ennemi et une force d’occupation ».

La relation de l’ENKS avec Ankara est un problème

« Une grande partie de la population n’est toujours pas sûre de l’ENKS, elle est sceptique à son égard. Les gens ont en tête des expériences passées concernant le rôle de l’ENKS dans l’invasion d’Afrin, de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et de Girê Spî (Tall Abyad) par la Turquie. Tout cela suscite l’inquiétude de la communauté », a déclaré Xerîb Hiso en ajoutant : « Après chaque réunion, l’ENKS se rend en Turquie. Qu’est-ce que cela signifie ? Ils vont transmettre à la Turquie les détails de chaque rencontre et ensuite, à la réunion suivante, ils présentent les directives données en Turquie. Les pourparlers sur l’unité kurde vont-ils progresser en reprenant et en reproduisant les suggestions venant de l’État turc ? C’est clairement un problème. »

Se référant à l’opposition de l’ENKS à l’éducation en kurde, au système de coprésidence et à l’administration autonome, le coprésident du TEV-DEM a déclaré : « L’État turc est contre la langue kurde, contre la démocratie, contre la liberté des femmes et la révolution. L’ENKS pose les exigences de la Turquie comme conditions aux négociations ».

Nous ne savons pas ce que veut l’ENKS

Notant que l’ENKS déclare constamment qu’il doit consulter ses « organes compétents » au moindre sujet abordé, le coprésident Hiso a ajouté : « Nous ne savons vraiment pas ce que veut l’ENKS. Lorsque nous disons oui à ce qu’ils veulent, ils se tournent à nouveau vers l’État turc. Nous ne savons donc pas ce qu’ils veulent. Voulez-vous participer à ces valeurs, à cette révolution, ou voulez-vous vous ranger du côté de l’envahisseur, de l’ennemi qui est la Turquie ? »

Pourquoi les rencontres avec Damas ont-elles cessé ?

Affirmant que cette approche de l’ENKS a eu un effet négatif sur les pourparlers d’unité, Xerîb Hiso a déclaré qu’après le début des pourparlers avec l’ENKS, les négociations entre l’Administration autonome et le régime de Damas se sont arrêtées. Xerib Hiso a expliqué : « Par exemple, avant les pourparlers sur l’unité nationale, l’Administration autonome a eu quelques réunions avec le régime syrien. Il y a eu un processus de dialogue entre les deux parties, mais après ces pourparlers, les négociations entre l’administration autonome et le régime de Damas ont également cessé. Quelle en est la raison ? Parce que l’ENKS renforce avec ses exigence la présence de l’Etat turc et cela pose également un problème à tous les niveaux ».

La solution est à Qamishlo

Le Coprésident de TEV-DEM, a déclaré : « Nous voulons dire ceci à nos frères de l’ENKS : L’essentiel, ce sont les réunions à Qamishlo. La représentation de la volonté des Kurdes et des peuples de la région est à Qamishlo. L’endroit où trouver une solution est Qamishlo. La solution ne se trouve pas à Ankara, à Istanbul ou à Antep. À Qamishlo, nous pouvons surmonter tous les problèmes. Nous demandons vraiment à l’ENKS en toute sincérité : Qu’avez-vous obtenu de l’État turc jusqu’à présent ? Que vous a-t-il apporté, si ce n’est l’occupation, la cruauté, l’injustice et le fait de vous utiliser ? L’État turc considère l’ENKS comme un instrument ou une carte à utiliser. Nous espérons qu’ils le comprendront enfin. »

Tous les membres de l’ENKS n’ont pas la même idée

Ceux qui font de la politique au Rojava et les décideurs politiques de l’ENKS vivant au Rojava, en Turquie ou ailleurs, ne partagent pas la même idée, a déclaré Xerîb Hiso, ajoutant : « Tous les membres de l’ENKS ne partagent pas la même idée, je pense par exemple que ceux qui vivent et travaillent ici ne sont pas d’accord. Les membres de l’ENKS en Turquie font en fait prévaloir la volonté d’autres personnes dans d’autres endroits. À chaque étape, ils font passer les intérêts de l’État turc avant tout. Ceux qui vivent ici le voient très bien. Ils analysent très bien les erreurs commises, mais ils n’élèvent pas la voix parce qu’ils n’ont rien entre les mains. »

*Organisation faîtière ayant pour objectif de mettre en œuvre le confédéralisme démocratique au nord de la Syrie