Sud-Kurdistan: Vague d'arrestations au lendemain de la révolte contre les bases militaires turques à Sheladizê

Les forces de sécurité (asayish) du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) ont lancé une opération d’arrestations contre les personnes soupçonnées d’avoir participé samedi dernier, dans la région de Dohuk, à des manifestations en réaction aux bombardements de l’armée turque qui ont tué au moins 20 civils au cours des 8 derniers mois dans le nord de la Région autonome du Kurdistan. Des dizaines de personnes, dont des journalistes, ont été arrêtées.

Les habitants de Sheladize, dans la région de Dohuk, sont visés par une opération d’arrestations, après l’attaque d’une base militaire turque installée dans la région. Samedi 26 janvier, cette base militaire avait été assiégée par la population locale en réaction aux bombardements de l’armée turque qui avaient tué 4 civils dans le district de Deralok, trois jours plus tôt.

Suite à cette manifestation, Le Premier ministre du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG), Nechirvan Barzani (PDK), avait justifié les bombardements de l’armée turque par la présence du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région et annoncé des sanctions contre les manifestants, exacerbant ainsi le mécontentement de la population qui dénonce des bombardements quotidiens ayant causé au cours des 8 derniers mois la mort d’au moins 20 civils. 

Hier, dimanche 27 janvier, des dizaines de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à la révolte de Sheladize. Parmi elles, figurent Mela Emin Oremari, dirigeant de Tevgera Azadî (Mouvement de la Liberté) dans la région de Behdinan, deux autres militants de ce parti, et Guhdar Zebari, journaliste de la chaîne de télévision NRT à Dohuk. Les bureaux de NRT TV à Dohuk ont également été fermés dimanche soir.

Une pétition lancée contre les arrestations et la fermeture des bureaux de NRT a déjà été signée par de nombreuses personnes, notamment des journalistes, universitaires et écrivains. Elle est rédigée dans ces termes:

Nous dénonçons l’arrestation de citoyens à Behdinan, Duhok et Sulaymaniyah, et la fermeture des bureaux de NRT à Duhok. Nous présenterons la pétition aux autorités compétentes. Nous demandons la libération immédiate des personnes arrêtées et la fin de l’obstruction au travail des journalistes. Nous appelons toutes les parties à se conformer aux lois de la région du Kurdistan et de l’Iraq. Les manifestations à Behdinan relèvent des droits des citoyens. Les citoyens de la région se sont soulevés contre la Turquie, un État envahisseur. Ce ne sont pas nos gens, mais les soldats qui violent la loi. Les soldats turcs se sont installés sur le territoire de la région du Kurdistan et ils tuent notre peuple tous les jours.

La pétition doit être présentée aux Nations Unies, au gouvernement et à la présidence irakiens, ainsi qu’au Parlement régional du Kurdistan.