Dans la nuit du 28 décembre 2011, les avions de chasse de l’armée de l’aire turques ont bombardé le village de Roboski. Les bombes ont tué 34 kurdes, pour la plupart des jeunes, en revenant de la frontière irakienne qu’ils avaient traversée pour du commerce transfrontalier.

Les 34 victimes appartenaient pour la plupart aux mêmes familles.

Dans la soirée du 28 décembre 2011, un groupe de villageois est allé faire leur travail habituel, le « commerce transfrontalier ». Ils se sont déplacés comme d’habitude à la connaissance des unités militaires locales qui avaient déjà vidé tous les autres sites militaires de la région en ouvrant la voie aux commerces frontaliers un mois avant le massacre.

À leur retour de la frontière, les membres du groupe ont vu que les soldats avaient fermé les trois voies alternatives au village. Ils ont été soumis à un tir d’avertissement et à un tir d’artillerie sans être avertis de s’arrêter. Ubeydullah Encü, père de Muhammed Encü, 13 ans, qui a également perdu la vie cette nuit-là, a raconté qu’il avait appelé le commandant au poste militaire près du village et l’avait informé qu’un groupe de villageois, dont son enfant, ce trouvaient dans la zone concernée. Le commandant a répondu qu’il connaissait le groupe et qu’ils avaient juste tiré un coup de semonce. Cependant, la réalité n’a pas été la même que les propos du commandant et 34 villageois ont été cibles des F-16 turcs.

Les villageois qui se sont précipités sur les lieux après le bombardement racontent que 13 personnes étaient encore en vie et que les corps des autres brûlaient encore quand ils arrivaient sur place. Les villageois ont transporté les blessés par leurs propres efforts, car aucun responsable n’est allé sur les lieux, bien qu’ils soient informés peu après l’attaque. Les soldats ont refusé aux équipes de soins de Şırnak, d’aller sur les lieux alors que les corps des victimes et des blessés étaient emmenés par les proches des vicitmes. « Nous avons rassemblé les parties de leurs corps et essayé de les emmener dans notre village sur le dos des ânes qui ont survécu au bombardement. Tous les villageois qui étaient présent ce jour-là savent que beaucoup de blessés ont périt par hémorragie et/ou par le froid. 17 des 34 victimes étaient des enfants de moins de 18 ans, déclare Ubeydullah Encü ».

Cet événement tragique n’a toutefois pas été rapporté par les médias turcs pendant plus de 12 heures, alors que certains des très rares qui voulaient le signaler ont été empêchés par leurs supérieurs. Alors que les autorités de l’État ont commencé à faire des déclarations officielles sur le massacre, les médias ont eu recours à l’euphémisme et l’ont rapporté sous le titre « incident près de la frontière irakienne ». Les débats des jours suivants ne se sont pas limités à demander « si les victimes étaient des passeurs ou des terroristes » et « si l’incident était un accident, une négligence ou un piège ».

En remerciant le chef de la Défense et l’Etat major des armées pour la « sensibilité dont ils ont fait preuve » par le massacre, le Premier ministre turc de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, a donné le signal de l’attitude de l’Etat.

Selon les témoignages des villageois, les autorités turques qui n’ont pas autorisé les ambulances et les hélicoptères à se rendre sur les lieux la nuit du massacre ont envoyé une équipe sur les lieux un jour plus tard. Le Procureur qui a décrit le massacre comme une « erreur » a promis de n’arrêter personne, une équipe a enquêté sur la scène du crime par un hélicoptère de l’armée en survolant et a écrit sur les rapports qu’ils « n’ont rien vu » sur les lieux.

Le processus a progressé de façon si imprécise que même les noms et le nombre de victimes ont été enregistrés à tort sur les rapports d’autopsie et donc sur les rapports des organisations des droits de l’homme qui ont fondé leurs informations sur ces rapports. Après une série de reportages dans le village de Roboski peu après l’incident, des établissements tels que MAZLUMDER, l’Association des Droits de l’Homme (IHD), l’Association du Barreau de Diyarbakır, le Syndicat de la Confédération des Travailleurs Publics (KESK) ont confirmé que l’incident était en effet un « massacre ».