Paris: Des artistes dénoncent la répression exercée contre les élus kurdes en Turquie
Performance de trois artistes devant l'ambassade de Turquie à Paris, le vendredi 7 septembre 2019. Photo Yusuf Alkan.

Trois artistes de la “Compagnie Bien à vous Armanc Kerboranî” ont réalisé vendredi une performance devant l’ambassade de Turquie à Paris, afin de dénoncer la répression exercée par le pouvoir turc contre le Parti Démocratique des Peuples (HDP) et ses élus.

Tôt dans l’après-midi, le groupe de trois personnes, une femme et deux hommes, a occupé la chaussée devant le 16 avenue de Lamballe, à Paris, où se trouve l’ambassade de Turquie, et commencé à exécuter une chorégraphie, avant d’être brutalement interpellé par la police. Son but: protester contre l’autoritarisme croissant du régime d’Erdogan et ses “ravages sur la démocratie”, selon les termes d’un de ses membres, Juan Golan. 

Sur les bras de la la femme, on pouvait lire, dessinés à la peinture, les noms de deux des plus grandes figures féminines du HDP actuellement en prison, Gultan Kisanak et Figen Yuksekdag. 

Arrêtée en octobre 2016 alors qu’elle était co-maire de Diyarbakir, la première a été condamné depuis à 14 ans de prison pour “appartenance à une organisation terroriste. 

La seconde était Députée et coprésidait le HDP lorsqu’elle a été arrêtée le 4 novembre 2016 avec Selahattin Demirtas, également coprésident du parti à l’époque, et plusieurs autres Députés kurdes. Depuis, elle est détenue sans jugement

Deux autres noms étaient dessinés sur le dos de la performeuse, “Sipçik” et “Bedia”, en référence aux Maires kurdes destitué.e.s et/ou emprisonné.e.s. Zeynep Sipçik est l’ancienne Co-maire du district de Kerboran (Dargeçit), dans la province de Mardin. 

Destituée de son mandat et arrêtée en mars 2016, elle a été condamnée en mai dernier à plus de 13 ans de prison. 

Quant à Bedia Ertan Ozgökçe, élue le 31 mars 2019 co-maire de la ville métropolitaine de Van, elle a occupé cette fonction jusqu’en août 2019, date où elle a été destituée sur décision du ministre de l’intérieur turc et remplacée par le préfet de la région. Le même jour, les co-maires des deux autres métropoles du Nord-Kurdistan (Turquie), Diyarbakir et Van, subissaient le même traitement. 

L’artiste portait par ailleurs sur les épaules et le torse les symboles homme, femme et LGBT pour signifier les valeurs d’égalité portées par le HDP et le fait que celui-ci intègre toutes les composantes de la société, quelle que soit leur appartence.

Un autre membre du groupe arborait, peint en couleurs sur le dos, le logo du HDP et, sur les bras, les noms de Selahattin Demirtas et d’Ekrem Imamoglu. Elu Maire d’Istanbul le 27 juin dernier sous l’étiquette du Parti républicain du Peuple (CHP, kémaliste), ce dernier est menacé de destitution par le ministre turc de l’intérieur, surtout depuis qu’il a manifesté son soutien aux trois Maires kurdes récemment destitués. Le ministre de l’intérieur Suleyman Soylu vient d’annoncer que le sort d’Imamoglu serait scellé dimanche. 

La “Compagnie Bien à vous Armanc Kerboranî” réalise régulièrement des manifestations artistiques pour sensibiliser sur les sujets d’actualité qui touchent les Kurdes en particulier. Dernièrement, elle a livré des performances dans les musées du Louvre à Paris, de Pergame à Berlin, ainsi qu’au Vatican, pour attirer l’attention sur le site antique de Hasankeyf, dans la province kurde de Batman, qui est menacé d’engloutissement par un projet de barrage turc. 

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