Selon le commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) Mazlum Abdi, la Turquie s’appuie sur Al Nosra pour mettre en œuvre ses plans à Afrin et dans la région.
S’exprimant dans le cadre d’une large conférence organisée mercredi par le Conseil démocratique syrien (MSD), le commandant en chef des FDS a attiré l’attention sur les objectifset l’approche des mercenaires de Hayat Tahrir al-Sham (HTS, anciennement Al Nosra) dans le canton d’Afrin.
« 4 ans se sont écoulés depuis l’occupation d’Afrin. Pendant cette période, de nombreux développements ont eu lieu en Syrie, notamment à Afrin et dans les autres zones occupées. Les envahisseurs ont essayé de maintenir leur hégémonie dans ces régions en s’appuyant sur les groupes djihadistes », a déclaré M. Abdi qui participait via zoom à la conférence organisée à Fafin, dans la région de Shehba limitrophe d’Afrin.
Plans d’extension des zones d’occupation turques en Syrie
« Comme l’occupant turc ne pouvait pas imposer sa politique à Afrin par le biais de ces bandes, il a fait venir dans la région les mercenaires de HTS, réputés plus efficaces. L’État turc veut mettre en place une autorité centrale afin de réaliser les plans d’extension de sa zone d’occupation. Suite au rapprochement entre Damas et Ankara ces derniers temps, certaines bandesdjihadistes ont compris que cette politique n’était pas dans leur intérêt. Avec le groupe HTS, il s’agit de donner une leçon à ces bandes et de faire comprendre qu’elles ne sont pas irremplaçables. »
La population doit comprendre que cette évolution entraîne un changement sur le front, a poursuivi Abdi. « Les bandes de mercenaires djihadistes qui n’avaient pas progressé contre les FDS ont été remplacées par HTS. Les forces d’occupation turques misent désormais sur Al-Qaïda, représentée par HTS, et cherchent de l’aide pour occuper d’autres régions en Syrie », a déclaré Abdi. Selon lui, la prétendue lutte antiterroriste dans le monde n’est qu’une apparence et Afrin n’a pas été occupée uniquement par la Turquie, mais comme résultat d’un accord international. L’échec de ce complot permettra la libération d’Afrin : « Nous devons créer les conditions de la libération d’Afrin de l’occupation turque. Le plus important, ce sont les conditions politiques et militaires. Nous avons la force de libérer non seulement Afrin, mais aussi tous les territoires occupés. »
« Dans ce contexte, il est important, a expliqué le commandant des FDS, de documenter les crimes commis dans la zone d’occupation turque et de les dénoncer au niveau national et international. C’est la base de la libération, mais cela demande du temps. »
Le rapprochement entre Ankara et Damas n’est pas dans l’intérêt de la Syrie
Concernant le rapprochement entre Ankara et Damas, Abdi a déclaré : « La plus grande menace pour la région est actuellement l’occupation de territoires syriens par la Turquie ainsi que le rapprochement avec le gouvernement de Damas. Cela s’accompagne d’une division du régime syrien et d’une consolidation de l’occupation turque en l’absence de réaction. Il n’est pas dans l’intérêt de la Syrie de se rapprocher de l’État turc, car, comme il l’a fait à Hatay, celui-ci veut occuper et annexer d’autres parties de la Syrie. L’avenir de la Syrie réside dans un gouvernement autonome, qui va de pair avec la stabilité et la sécurité. »
Erdogan a annoncé il y a des mois une nouvelle attaque sur la région. Mais, avec le changement de conjoncture politique, il semble qu’il n’ait pas obtenu l’autorisation de mener une opération d’envergure, ce qui l’a conduit à faire des concessions à Damas. « En même temps, il a fait des plans pour affaiblir les FDS et l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), mais il n’a atteint aucun de ses objectifs », a dit le chef militaire kurde.
La seule solution pour la Syrie est la formation d’un mécanisme d’autonomie, a expliqué Abdi, qui a félicité les habitants de Shehba et des quartiers résidentiels de Şêxmeqsûd et Eşrefiyê à Alep pour leur résistance contre l’embargo du régime syrien : « Ces trois zones sont assiégées par le gouvernement syrien, mais les gens résistent par tous les moyens. Les conditions sont très difficiles, mais cette résistance est la condition pour libérer Afrin des gangs et de l’occupation. Notre plan est de discuter d’une solution avec le gouvernement syrien ou d’autres parties et de soulager la souffrance des habitants de la région. C’est une préoccupation majeure pour nous que l’administration autonome puisse fournir des services et faciliter les conditions de vie de la population. »