Dans un entretien diffusé sur Medya Haber TV, Mustafa Karasu, membre du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), est revenu sur la portée historique du mois de mars dans la lutte kurde, sur l’émergence du leader kurde Abdullah Öcalan en tant que figure centrale du mouvement de libération, et sur la signification profonde de la résistance menée depuis plus de 50 ans par le PKK.

Dans un entretien diffusé sur Medya Haber TV, Mustafa Karasu, membre du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), est revenu sur la portée historique du mois de mars dans la lutte kurde, sur l’émergence du leader kurde Abdullah Öcalan en tant que figure centrale du mouvement de libération, et sur la signification profonde de la résistance menée depuis plus de 50 ans par le PKK. Il a également évoqué l’actualité de la question kurde en Turquie et les perspectives de la lutte en cours.

M. Karasu a commencé par rendre hommage aux figures tombées en mars, soulignant l’importance de ce mois pour le mouvement kurde :

« Mars est un mois de commémoration, de révolte, de renaissance. C’est le mois de Newroz, de la Semaine de l’Héroïsme, et du souvenir de celles et ceux qui ont donné leur vie pour un Kurdistan libre. »

Parmi les figures honorées, il a mentionné Sakine Arat, l’une des mères du mouvement, Heci Ehmedi, fondateur du PJAK, mais aussi Mazlum Doğan, Zekiye Alkan, Mahsum Korkmaz, ou encore Abdurrahman Timoki, ancien religieux devenu militant du PKK.

Il a également salué la mémoire des dirigeants de la République de Mahabad, Qazi Muhammad et ses compagnons, exécutés le 31 mars 1947, tout comme celle de Mahir Çayan et de ses camarades, figures emblématiques de la gauche révolutionnaire turque tués à Kızıldere le 30 mars 1972.

M. Karasu a rappelé que ces martyr·es ne représentent pas seulement des souvenirs douloureux, mais une source vivante de force, une chaîne de continuité révolutionnaire que le PKK incarne et poursuit.

La force morale d’un peuple forgée dans la lutte

M. Karasu est revenu sur un épisode particulièrement marquant : le massacre par armes chimiques de 14 guérilleros à Muş, il y a quelques années, qui avait provoqué une vague de soulèvements à Amed (Diyarbakır). Pour lui, cet événement symbolise l’esprit de résistance d’Amed et du Kurdistan tout entier.

« Le peuple du Kurdistan ne cesse de se recréer dans la lutte. Chaque génération, chaque région, chaque martyre porte en elle cette capacité de renaissance. »

Une révolution née du courage d’Abdullah Öcalan

À travers ce parcours de résistance, Karasu souligne le rôle fondamental joué par Abdullah Öcalan, « Rêber Apo », dès la fin des années 1970.

« Quand le simple fait de dire ‘Kurdistan’ était considéré comme un crime majeur, Rêber Apo a osé défier l’ordre établi. Il a commencé à voix basse, presque en chuchotant, mais avec une clarté et une détermination inébranlables. »

À l’époque, ni les mouvements de gauche turcs ni les groupes nationalistes kurdes ne prenaient au sérieux la volonté d’un soulèvement indépendant. Öcalan, alors inconnu, formait un petit groupe ridiculisé par ses contemporains. Pourtant, explique Karasu :

« Il disait déjà : ‘La révolution au Kurdistan ne sera pas facile, elle sera difficile. Et il faudra du courage, du sacrifice, et une détermination sans faille.’ »

Selon Karasu, le fondement de la lutte du PKK, ce n’est pas un programme ou une idéologie importée, mais une colère profonde contre l’oppression coloniale, une soif de dignité, et un patriotisme enraciné dans l’expérience collectivedu peuple kurde.

Une conscience forgée dans l’adversité

« À l’époque, disait Rêber Apo, ‘il n’y a presque plus de Kurde qui ne se soit pas trahi’. Cela ne visait pas à humilier, mais à faire émerger une prise de conscience radicale de l’asservissement mental et culturel dans lequel était plongée la société kurde. »

Ce regard critique, aussi bien porté sur le peuple que sur lui-même, a permis de créer une volonté nouvelle, une force militante prête à se sacrifier, selon Karasu.

50 ans d’héroïsme collectif

« Cette semaine de l’héroïsme n’est pas qu’un symbole : aujourd’hui, tous les combattants et combattantes sont devenus des héros, tout un peuple est devenu héroïque. »

Karasu conclut en affirmant que le chemin tracé par Abdullah Öcalan continue d’inspirer des milliers de jeunes qui rejoignent la lutte avec foi, conscience et passion pour la liberté.

« Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est le fruit de 50 ans de sacrifices. Et ce n’est qu’un début. »

L’interview complète sera diffusée en plusieurs parties sur Medya Haber TV. Elle s’inscrit dans un contexte où la question kurde, la répression politique en Turquie, et la situation d’Abdullah Öcalan sont de nouveau au cœur des débats politiques et humanitaires au niveau international.