Le consulat russe à San Francisco, le 29 décembre 2016, en Californie-AFP/Archives / Josh Edelson

La Russie a accusé vendredi les Etats-Unis de menacer la sécurité de ses ressortissants et d’ignorer l’immunité diplomatique par des perquisitions du FBI prévues dans son consulat à San Francisco, qu’elle a été sommée de fermer avant samedi.

« Les services spéciaux américains ont l’intention de mener le 2 septembre une perquisition dans le consulat de San Francisco, y compris les appartements des employés qui vivent dans le bâtiment et bénéficient d’une immunité », a déclaré dans un communiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Cette mesure « crée une menace directe pour la sécurité de citoyens russes », a-t-elle ajouté.

Les Etats-Unis ont ordonné jeudi à la Russie de fermer avant samedi son consulat à San Francisco et ses missions commerciales à Washington et New York, disant répondre par « réciprocité » à la réduction imposée par Moscou du nombre d’employés et de diplomates de la représentation diplomatique américaine en Russie.

Moscou a aussitôt fustigé une « escalade » des tensions « initiée » par Washington.

Mme Zakharova a indiqué que le FBI avait ordonné aux diplomates russes de quitter leur logement entre 10 et 12 heures avec leur familles.

« Il s’agit d’une intrusion dans un consulat et les logements de personnel diplomatique, en outre ils sont eux-mêmes jetés dehors pour qu’ils ne gênent pas les agents du FBI », a-t-elle ajouté.

« Nous protestons résolument contre les actes de Washington qui ignorent le droit international et, comme il est d’usage dans la diplomatie, nous nous réservons la possibilité de prendre des mesures de rétorsion », a-t-elle poursuivi.

Les pompiers de San Francisco ont été prévenus vendredi par des appels téléphoniques qu’une mystérieuse fumée noire sortait d’une cheminée du consulat russe.

Après s’être rendus sur place, les pompiers ont confirmé qu’il ne s’agissait pas d’un incendie. « Tout va bien et nous quittons les lieux », ont-ils indiqué sur Twitter.

Une porte-parole des pompiers a déclaré à l’AFP que les employés et diplomates russes du consulat devaient être en train de brûler des choses.

La fermeture du consulat intervient alors que près des deux tiers du personnel des représentations diplomatiques américaines en Russie ont quitté vendredi ambassade et consulats.

Ce développement illustrent l’incapacité de la Maison Blanche et du Kremlin à améliorer leurs relations sept mois après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui avait présenté la normalisation des relations comme un des ses objectifs.

‘L’administration Obama’

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré vendredi que Moscou se réservait le droit de répondre à la nouvelle mesure américaine.

« Toute cette histoire a été lancée par l’administration Obama pour nuire aux relations russo-américaines et ne pas permettre à Trump de les faire sortir de l’ornière », a-t-il estimé.

Selon M. Lavrov, le Congrès et l’establishment américain « tentent de lier les pieds et les poings (de l’administration Trump), d’inventer une prétendue ingérence russe, un lien entre lui et la Russie, entre sa famille et la Russie ».

« L’administration américaine continue de détruire nos relations bilatérales », a affirmé le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

La fermeture du consulat russe à San Francisco est une riposte à la réduction de 755 diplomates et employés, russes ou américains en poste en Russie, ordonnée fin juillet par le président russe Vladimir Poutine en représailles à de nouvelles sanctions économiques de Washington.

La présence diplomatique américaine a ainsi été plafonnée à 455 personnes, soit le niveau de celle de la représentation russe aux Etats-Unis.

L’octroi de visas pour les Etats-Unis en Russie a été suspendu du fait de ces restrictions.

Début août, les Américains avaient également dû abandonner deux bâtiments diplomatiques situés en périphérie de la capitale russe, dont la jouissance avait été suspendue par le Kremlin.

Alors que l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier laissait présager une embellie dans les relations entre les deux puissances rivales, au plus bas depuis l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, celles-ci n’ont cessé de se détériorer, sur fond d’accusations d’ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2016 et de soupçons de collusion avec l’équipe de campagne du milliardaire républicain.

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait annoncé mercredi au téléphone à son homologue russe Sergueï Lavrov la décision de fermer les sites consulaires russes aux Etats-Unis. Les deux hommes vont se rencontrer en septembre, probablement en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York.

« Nous ne cherchons pas à nous fâcher avec les Etats-Unis », a déclaré M. Lavrov vendredi, affirmant rechercher des « approches basées sur le respect mutuel » afin de trouver des « compromis » avec Washington.

Barack Obama avait expulsé 35 diplomates russes et leurs familles fin 2016, sans susciter alors de représailles de la part du Kremlin.

Prenant acte de l’état actuel des relations, Moscou a nommé comme nouvel ambassadeur à Washington Anatoli Antonov, connu pour être un partisan de la ligne dure à l’égard des Etats-Unis.

Source : AFP