Après des années de préparation, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) frappe pour la première fois l’État turc le 15 août 1984. Au cours d’actions simultanées à Eruh, dans la province de Siirt et à Şemdinli, dans la province de Hakkari, des unités militaires du PKK supervisées par le commandant Egid (Mahsum Korkmaz, qui tombera martyr en 1986) s’attaquent à deux postes de gendarmerie. Le peuple kurde vient de se soulever contre le colonialisme turc. Depuis le 15-Août est célébré à travers tout le Kurdistan comme peut l’être Newroz ou la Journée internationale des Femmes, le 8 mars.
Comme le fait remarquer l’intellectuel kurde syrien Bashir Mele Newaf, « ce n’est pas seulement l’anniversaire d’une action armée conduite par une organisation. Le 15-Août consacre une révolution idéologique, culturelle et sociale, la révolution des femmes, pour l’Humanité (…). Le colonialisme de l’État turc avait presque étouffé le peuple kurde. Ce 15 août 1984, était une sorte de miracle, les chances de réussite étaient minimes. À tel point qu’il est devenu le jour où une société, que certains voulaient réduire au silence, s’est soulevé et a commencé à se battre contre l’occupation coloniale (…). Le peuple du Rojava s’était préparé pour son propre 15-Août. Les succès obtenus contre les occupants au Rojava et la révolution en cours sont les résultats du 15 août 1984. »
34 ans plus tard, la résistance et l’état d’esprit insufflé ce jour-là restent plus que jamais d’actualité. La Turquie n’est plus seulement un État colonial dans ses propres frontières, elle est devenue une force d’occupation en Syrie et en Irak. D’Afrin au Bradost, en passant par Sinjar et le Bakûr, rien n’est perdu, la lutte continue.