Le Kurdistan d’Irak accueille plusieurs groupes d’opposition de Kurdes iraniens qui, historiquement, ont mené une insurrection armée contre Téhéran, même si ces dernières années leurs activités militaires sont en recul. Ils restent toutefois très critiques sur les réseaux sociaux concernant la situation en Iran, en partageant par exemple des vidéos sur le mouvement de protestation qui a éclaté à la mi-septembre dans la République islamique après la mort de Jina Mahsa Aminî, cette jeune femme kurde d’Iran de 22 ans, décédée après avoir été battue à mort par la police des mœurs iranienne.

La riposte iranienne a fait, ce mercredi 28 septembre, au moins 13 morts, dont une femme enceinte, et 58 blessés, en majorité des civils, dont des enfants de moins de dix ans. Revendiqués par Téhéran, ce sont plus de 70 bombardements qui ont été menés par des « missiles balistiques » et des « drones armés » selon l’AFP. « Des réfugiés iraniens, dont des femmes et des enfants », font partie des victimes, a déploré, sur Twitter, l’antenne en Irak du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), évoquant un camp touché à Koy Sinjaq, situé à 70 Km à l’est d’Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, siège du gouvernement regional (KRG). « L’attaque aurait touché une école primaire où se trouvaient des élèves », a déploré l’agence. Le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI), un des groupes visés par les bombardements sur la région de Koy Sinjaq, a également fait état de deux morts dans ses rangs. Sur Twitter, le PDKI a fustigé des « attaques lâches ».

les réfugiés kurdes iraniens se voient abandonnés à leur sort

En mars 2022, une délégation des Amitiés kurdes de Bretagne s’était rendue au Kurdistan d’Irak pour célébrer le Newroz dans la ville de Souleymanieh, capitale culturelle du Kurdistan irakien (Başûr), et pour aller à la rencontre des diverses organisations politiques et culturelles kurdes afin d’étudier les possibilités de coopération. Lors de cette mission, la délégation avait visité le camp de réfugiés de Kurdes iraniens de Koy Sinjaq et son centre d’accueil pour enfants. AKB s’était déjà rendu au Kurdistan d’Iran en 2019, (Rojhelat : 9 millions de Kurdes en liberté surveillée sous la férule des mollahs). Rojhelat : 9 millions de Kurdes en liberté surveillée sous la férule des mollahs – Amitiés kurdes de Bretagne (akb.bzh).

Shahin une des responsables du camp de Koy Sinjaq rencontrée lors de cette mission, appelle à l’aide internationale. Elle alerte sur « le risque de guerre terrestre », évoquant même « un empoisonnement de l’eau toujours possible, déjà utilisé dans le passé pour les détruire ». 300 enfants accueillis dans ce camp pour des activités périscolaires (musique, dessin, sport, …) demandent aussi des soins psychologiques, suite aux traumatismes liés à la guerre (le camp a déjà été bombardé en 2018). Shahin précise que le parlement irakien qui devait se rendre sur le terrain pour évaluer les dégâts après les attaques aux missiles, aurait renoncé après que l’Iran ait menacé  des représailles contre quiconque qui apporterait de l’aide aux Kurdes iraniens. Du coup, un sentiment d’abandon sème le désespoir, toujours selon Shahin, « les Kurdes iraniens se voient abandonnés à leur sort ». Au désespoir, ils lancent un appel à la France, pays ami.

Nasim, une amie kurde iranienne, réfugiée politique qui vit à Rennes, en contact permanent avec ses amis kurdes du camp de Koy Sinjaq, confirme les attaques contre les civils. Tous les camps ont été évacués, avec son lot de familles déplacées, certaines réfugiées temporairement chez les habitants du village tout proche de Koya. Mais l’Iran a déclaré qu’il lancerait « une attaque au sol » contre les kurdes iraniens et les habitants de Koya craignent de leur venir en aide. 

Deux mille enfants kurdes iraniens se voient refuser l’accès aux écoles. Huit cents familles sont dispersées dans les villes du Kurdistan irakien. Rudaw TV (média kurde, proche du PDK, dont le siège est à Erbil) a rapporté le 9 octobre que « l’Iran veut attaquer la ville de Koya depuis la zone frontalière de Baneh ». 

Par Marie Brigitte Duigou 

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