Dans un discours prononcé jeudi dans l’hémicycle du parlement turc, la député kurde Gülistan Kılıç Koçyiğit a souligné le rôle central du leader kurde Abdullah Öcalan dans les négociations de paix entre le Turquie est le mouvement kurde.
Il est temps de parvenir à une paix significative pour résoudre la question kurde en Turquie, a déclaré Gülistan Kılıç Koçyiğit, députée du Parti des peuples pour l’égalité et la démocratie (DEM), lors d’un discours prononcé jeudi devant le parlement turc. Soulignant le rôle central du dirigeant kurde emprisonné Abdullah Öcalan dans les négociations de paix, elle exhorté l’État turc à s’engager avec lui en tant qu’interlocuteur principal pour une solution démocratique et pacifique.
Faisant référence à l’opération internationale du 15 février 1999 qui avait conduit à l’enlèvement d’Öcalan au Kenya, Mme Koçyiğit a déclaré : « Nous sommes aujourd’hui le 15 février. Il y a vingt-cinq ans, le 15 février 1999, M. Öcalan a été amené en Turquie grâce à un complot international facilité par les puissances mondiales. Nous sommes bien conscients que chacun des pays impliqués dans ce processus avait un motif et un plan à l’esprit. »
La vice-présidente du groupe DEM à l’assemblée nationale a affirmé que l’intention derrière ce complot était d’aggraver la question kurde. « Toutefois, a-t-elle ajouté, ce complot a été déjoué par les projets et l’approche pacifiques de M. Öcalan au cours des 25 années qu’il a passées dans la prison d’İmralı. Aujourd’hui âgé de 75 ans, il reste la figure clé de la solution démocratique à la question kurde. »
Soulignant la responsabilité historique, Mme Koçyiğit a poursuivi : « Abdullah Öcalan a déclaré : ‘Une semaine me suffit pour résoudre la question kurde’, du moins pour commencer à s’attaquer à la racine du problème. Il est l’interlocuteur principal et fondamental de l’État, et le reconnaître comme tel est le premier pas vers l’acceptation et le soutien de la volonté de paix. L’histoire nous a confié une responsabilité importante. Nous devons soutenir la volonté de paix de M. Öcalan, qui n’a jamais reculé sur la question d’une résolution pacifique de la question kurde, bien qu’il soit détenu sur l’île d’İmralı depuis un quart de siècle. »
« Nous sommes conscients que l’isolement ne se limite pas à l’île d’İmralı, mais qu’il s’est étendu à toutes les prisons et, de là, à l’ensemble du pays, se normalisant. Pourtant, nous nous trouvons aujourd’hui à un seuil différent, car nous sommes au deuxième siècle de la république. Nous avons gaspillé un siècle, mais dans le second, nous avons l’opportunité de gagner en tant que peuples, en tant que religions, avec toute la diversité du peuple turc ; nous pouvons ouvrir cette porte ensemble. Nous franchissons un seuil historique. L’évolution de la région et la situation actuelle du pays nous obligent à parvenir à une grande paix. Nous ne pouvons pas échapper à cette paix ; même si cela prend un siècle, nous devons la réaliser », a déclaré Koçyiğit.
La députée kurde a mis en garde contre le coût quotidien de la non-résolution de la question : « Nous savons que chaque jour où cette question n’est pas résolue, elle fait payer un tribut au peuple turc. Des vies sont perdues, les ressources du pays sont consacrées à cette guerre et le pays est entraîné dans une spirale de crises multiples. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce problème, ni l’ignorer, ni lui tourner le dos. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons voir et prendre en compte cette volonté croissante de paix. »
« L’impasse dans laquelle se trouve la question kurde n’est pas une fatalité. La solution et le processus de négociation entre 2013 et 2015 nous l’ont clairement montré. J’affirme une fois de plus que la volonté présente à l’époque était correcte, que la période 2013-2015 a été une étape importante qui a profité au peuple turc. En tirant parti de cette expérience, en reconnaissant les erreurs commises et en les compensant, il est précisément temps d’entamer un nouveau processus. Je tiens à saluer les marcheurs de la liberté qui, depuis le 1er février, manifestent cette volonté, la volonté de paix, la volonté de résoudre la question kurde par des moyens démocratiques, et qui se trouvent maintenant à Urfa. J’en appelle à chaque membre de notre Parlement, élu ici pour représenter notre peuple : Il est temps de parvenir à une paix significative. »
Faisant écho à l’appel à la paix, Mme Koçyiğit a conclu : « Comme l’a dit [le grand auteur kurde] Yaşar Kemal, « Si les montagnes, les gens et même la mort sont fatigués, alors le plus beau poème est la paix ». Je demande à chacun d’entre nous, à chaque député, d’être la voix de cette volonté de paix, qui s’élève des rues, du cœur du peuple, des prisons. Je réitère la nécessité de lever l’isolement, de reconnaître M. Öcalan comme l’interlocuteur de la solution démocratique à la question kurde, et de donner une chance au processus. »