Le commandant général du Centre de défense du peuple (HSM), Murat Karayilan, a appelé, mercredi, lors d’une interview accordée à la chaine Medya News, les institutions internationales à enquêter sur les attaques chimiques de l’armée turque au Sud-Kurdistan (Irak).
M. Karayilan a déclaré que l’État turc utilise des armes chimiques dans ses attaques et a exhorté les institutions internationales à enquêter sur les attaques turques. Il a souligné que l’État turc ne pouvait pas avancer en raison de la résistance de la guérilla.
« Près de 6 mois se sont écoulés depuis l’incursion turque qui a débuté le 23 avril, poursuit Murat Karayilan, de violents affrontements ont eu lieu entre-temps. Il est difficile de les résumer en quelques phrases. L’Etat turc a un plan précis pour 2021. Il a prévu d’occuper toutes nos positions au Sud-Kurdistan cette année, d’éliminer et d’éloigner les guérilleros, de détruire nos bases militaires. Tout comme l’État turc et les forces conspiratrices voulaient mener une attaque en Syrie et capturer le leader Öcalan en 1998, ils ont élaboré un plan similaire en 2021. En outre, des puissances hégémoniques telles que les États-Unis, l’Allemagne et l’Angleterre ont soutenu les plans turcs. Le ministre turc de la guerre a visité Hewlêr (Erbil) et l’État irakien au début de l’année. Ils ont fait du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) un allié dans un tel concept. La Turquie prévoyait d’occuper tous les sites de la guérilla du Kurdistan irakien, y compris Qandil et Garê, en 2 ou 3 mois. C’était leur objectif », a souligné le commandant du HSM.
L’ARMÉE TURQUE NE PEUT PAS AVANCER
Et d’ajouter : « À cette fin, ils ont mené une attaque surprise sur Garê au début de l’année, le 10 février, mais ils ont été refoulés. Leur idée était que ‘Garê est loin de la frontière, il y a beaucoup de combattants du PKK là-bas, mais si nous les attaquons à la frontière, nous gagnerons’. En se basant sur cette stratégie, les forces turques ont lancé des attaques terrestres et aériennes contre les positions de la guérilla dans une zone de près de 100 kilomètres, de la rivière Xabur (Khabour) à Şemzinan (Şemdinli), à partir de trois positions distinctes. Depuis six mois, les troupes turques se trouvent toujours là où elles ont atteint et ont été stationnées les premiers jours de l’offensive. La bataille se poursuit toujours dans ces zones. Elles n’ont pas pu procéder comme elles l’avaient prévu. Elles ne peuvent pas établir leur domination dans les endroits où elles ont parachuté leurs troupes. En d’autres termes, ils ont avancé de 6 à 7 kilomètres à certains endroits, et de 3 à 4 kilomètres à d’autres. C’est tout. Les combats sont limités à ces endroits ».
Le commandant général du Centre de défense du peuple (HSM), insiste sur l’utilisation de technologies modernes de guerre par l’armée turque : « L’armée turque mènent une guerre aérienne, bombarde partout et tout le temps. De cette façon, elle veut occuper et avancer. Cependant, elle n’a pas réussi jusqu’à présent. Pourquoi ? Les forces de la guérilla ont également introduit des innovations militaires. Les combattants adoptent de nouvelles méthodes. Tout d’abord, ils ont développé de petites unités de guérilla spécialisées et coordonnées. Une autre innovation est l’utilisation de tunnels de combat pour défendre le terrain. Les guérilleros utilisent les deux méthodes. Une haute performance tactique a ainsi été atteinte. Il semble que l’État turc ne s’attendait pas à cela et cette situation l’a laissé perplexe. Au cours de la première semaine, ils ont été prompts à déclarer la victoire par le biais de la presse. Pourtant, ils ont commencé à cacher cette guerre à l’opinion publique turque et mondiale alors qu’ils ont été refoulés progressivement. En d’autres termes, ils ne veulent pas révéler qu’une bataille d’une telle ampleur a lieu ».
Pour cacher sa défaite, en plus de ses armes technologiquement avancées, l’État turc a commencé à utiliser des armes chimiques. Il viole le droit international pour se débarrasser de sa débâcle. Dans ce contexte, la bataille se poursuit dans les régions d’Avaşin, de Zap et de Metina.
DES ARMES CHIMIQUES ONT ÉTÉ UTILISÉES, UNE ENQUÊTE DOIT ÊTRE OUVERTE
Et de poursuivre : « Il est certain que l’Etat turc utilise des armes chimiques contre les forces de la guérilla au Sud-Kurdistan. Les Force de défense du peuple, [HPG, branche armée du PKK, ndlr.] a fait plusieurs déclarations à ce sujet. Il existe des documents et des images prises à l’intérieur et à l’extérieur des tunnels de combat. Il existe des munitions prouvant l’utilisation de gaz toxiques, et le HPG a révélé au public un grand nombre de ces documents. Nous avons quelques restes de munitions, et nous continuons à les examiner. On pourrait peut-être trouver des preuves plus concrètes. Cependant, les institutions internationales compétentes restent assez indifférentes malgré tant d’appels de notre part. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que l’État turc est membre de l’OTAN. Auparavant, ces institutions ont dénoncé le fait que le régime syrien avait utilisé des armes chimiques contre les forces armées rivales sur place. Le monde entier a réagi et elles ont publié un mémorandum contre la Syrie. Elles sont également intervenues et ont attaqué le régime. Alors, quelle est la raison de cette approche différente ? Il doit y avoir une réaction contre un État qui utilise des armes chimiques. Tout est considéré correct pour les membres de l’OTAN, alors que les réactions sont dirigées contre les non-membres de l’OTAN ».
« Les puissances et institutions internationales peuvent visiter les zones où des armes chimiques ont été utilisées. Des forces du PDK sont déployées dans certaines parties de la région où des armes chimiques ont été utilisées. Le monde entier a des relations avec le PDK. S’ils viennent au Sud-Kurdistan, ils peuvent également visiter les zones contrôlées par la guérilla. Le HPG a annoncé que 6 de nos camarades sont tombés en martyr dans des attaques chimiques à Girê Sor qui est situé sur la ligne frontalière. Il y a un kilomètre entre Girê Sor et le poste frontière turc sur la colline de Sivri. La ligne frontalière se trouve sur la colline de Girê Sor. Une partie de Girê Sor est considérée comme un sol turc. Il y a là un tunnel de combat et nous avons retiré toutes nos forces qui y étaient stationnées. L’État turc n’a toujours pas pénétré dans ce tunnel et les restes mortels de nos amis s’y trouvent toujours. Les institutions internationales peuvent s’y rendre et enquêter pour savoir si des armes chimiques ont été utilisées ou non. Les traces des armes chimiques utilisées sont toujours présentes dans ces tunnels, c’est pourquoi l’État turc ne peut pas y pénétrer. Tout est évident. Ceux qui cherchent des preuves plus concrètes devraient intervenir. S’ils ne nous trouvent pas crédibles, des comités indépendants peuvent venir y faire des examens. L’État turc viole le droit international de la guerre et commet des crimes au Kurdistan. Les institutions compétentes ne devraient pas fermer les yeux sur les crimes de l’État turc et devraient intervenir. Si elles viennent enquêter, elles pourront obtenir des preuves plus concrètes. Nous avons déjà lancé des appels lors des affrontements à Garê et nous en lançons un autre aujourd’hui. Les institutions peuvent venir faire des examens sur le terrain et obtenir des preuves plus concrètes », a conclu le commandant général du Centre de défense du peuple (HSM), Murat Karayilan.