Les avocats du cabinet juridique Asrin ont demandé à rencontrer leur client, le dirigeant kurde Abdullah Öcalan, sur l'île-prison d'Imrali
Le leader kurde Abdullah Öcalan est emprisonné depuis 24 ans sur l'île-prison d'Imrali, en Turquie, dans des conditions d'isolement très poussé. Depuis plus de 22 mois, il n'a eu aucun contact avec l'extérieur, ce qui constitue une forme de torture selon ses avocats.

Les avocats du cabinet juridique Asrin ont demandé à rencontrer leur client, le dirigeant kurde Abdullah Öcalan détenu en isolement depuis près de 24 ans sur l’île-prison d’Imrali

Rezan Sarıca, Raziye Öztürk, Emran Emekçi et Faik Özgür Erol, avocats du cabinet juridique Asrin à Istanbul, ont déposé des requêtes devant le bureau du procureur en chef de Bursa et la direction du centre pénitentiaire d’Imrali afin de rencontrer le dirigeant kurde emprisonné Abdullah Öcalan, dont on n’a aucune nouvelle depuis plus de 22 mois.

Depuis bientôt quatre ans, les demandes hebdomadaires faites par les avocats d’Öcalan pour rencontrer leur client détenu en isolement total dans la prison de haute sécurité de l’île d’Imrali sont systématiquement rejetées par les autorités judiciaires turques. Les refus notifiés tant aux avocats qu’aux familles sont fondés sur des sanctions disciplinaires qui auraient été infligées au détenu.

INTERDICTION DES VISITES FAMILIALES

Bien que l’interdiction des visites familiales ait pris fin le 18 novembre 2021, le procureur n’a pas répondu aux demandes de visite faites deux fois par semaine par les familles. Le 28 mars 2022, les avocats ont une fois de plus demandé au juge d’exécution de Bursa de lever tous les obstacles illégaux aux visites familiales. Le 29 mars, les juges ont rejeté la demande, se fondant sur une nouvelle sanction disciplinaire qui aurait été édictée contre Öcalan en date du 3 février 2022.

RECOURS DES AVOCATS DEVANT LA COUR CONSTITUTIONNELLE

Le 12 mai, les avocats ont introduit un recours devant la Cour constitutionnelle turque, demandant la levée des sanctions disciplinaires illégales. Dans leur requête, ils ont souligné que la détention incommunicado était une forme de torture et invoqué la violation du droit au respect de la vie privée et familiale, du droit à un procès équitable et du droit à un recours effectif.

Après l’expiration de l’interdiction de visite familiale de 3 mois le 7 juin, les avocats d’Öcalan ont à nouveau saisi le juge d’exécution des peines de Bursa pour demander la levée des obstacles et exiger que toute nouvelle sanction disciplinaire leur soit immédiatement communiquée. Le lendemain, le tribunal a de nouveau rejeté la demande des avocats, faisant valoir que les sanctions disciplinaires se poursuivaient. Les conseils d’Öcalan ont contesté cette décision devant la Cour pénale de Bursa le 15 juin.

NOUVELLES SANCTIONS ET INTERDICTIONS

Celle-ci a rejeté la demande à son tour, citant une nouvelle sanction disciplinaire de 3 mois prise le 31 mai contre le leader kurde et ses trois codétenus.

Pour ce qui est des visites des avocats, les privations sont tout aussi arbitraires et encore plus étendues dans le temps. Les avocats ne sont informés des prétendues sanctions disciplinaires qu’après avoir déposé une demande de visite. Jusqu’à présent, l’administration pénitentiaire ne leur a jamais fourni aucune explication sur les motifs fondant les interdictions de visite d’une durée de 6 mois.

APPEL TÉLÉPHONIQUE INTERROMPU

Le dernier contact d’Öcalan avec l’extérieur date du 25 mars 2021, lorsqu’il a parlé à son frère au téléphone. La communication téléphonique a été interrompue au bout de quelques minutes.

Quant au dernier entretien du dirigeant kurde avec ses conseils juridiques, il remonte au 7 août 2019. Un large mouvement de grève de la faim entamé dans les prisons turques à la fin de l’année 2018, à l’initiative de la députée kurde Leyla Güven, avait forcé les autorités turques lever brièvement l’isolement et autoriser une série de rencontres sur l’île-prison d’Imrali entre mai et août 2019, après une interruption de 8 ans.

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