Le 24 avril 1915, le pouvoir ottoman s'est lancé dans l'extermination systématique de sa population arménienne. Les persécutions se sont poursuivies avec une intensité variable jusqu'en 1923, date à laquelle l'Empire ottoman a cessé d'exister et a été remplacé par la République de Turquie.

Les Arméniens du monde entier ont commémoré dimanche le 107e anniversaire du génocide de 1915. 

Le 24 avril 1915, le pouvoir ottoman s’est lancé dans l’extermination systématique de sa population arménienne. Les persécutions se sont poursuivies avec une intensité variable jusqu’en 1923, date à laquelle l’Empire ottoman a cessé d’exister et a été remplacé par la République de Turquie. 

La population arménienne de l’Empire ottoman était estimée à environ deux millions en 1915. On estime qu’un million d’Arméniens ont péri entre 1915 et 1918, tandis que des centaines de milliers ont survécu à la déportation. En 1923, la quasi-totalité de la population arménienne d’Anatolie avait disparu.

L’Empire ottoman était dirigé par les Turcs qui avaient conquis des terres s’étendant sur l’Asie occidentale, l’Afrique du Nord et l’Europe du Sud-Est. Le gouvernement ottoman était basé à Constantinople (Istanbul) et dirigé par un sultan qui était investi d’un pouvoir absolu. 

Les Arméniens, une minorité chrétienne, vivaient comme des citoyens de seconde classe, soumis à des restrictions légales qui les privaient de leurs droits fondamentaux. Ni leur vie ni leurs biens n’étaient garantis. En tant que non-musulmans, ils étaient tenus de payer des impôts discriminatoires et se voyaient refuser toute participation au gouvernement. Dispersés dans l’empire, les Arméniens avaient un statut d’autant plus compliqué que le territoire de l’Arménie historique était divisé entre les empires ottoman et russe.

Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en août 1914, l’Empire ottoman faisait partie de la Triple Alliance avec les autres puissances centrales, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Il a ainsi déclaré la guerre à la Russie et à ses alliés occidentaux, la Grande-Bretagne et la France.

Les armées ottomanes ont d’abord subi une série de défaites qu’elles ont compensées par des victoires militaires faciles dans le Caucase en 1918 avant que les puissances centrales ne capitulent plus tard la même année. 

Qu’elle batte en retraite ou qu’elle avance, l’armée ottomane profitait de la guerre pour mener une campagne collatérale de massacres contre la population civile arménienne dans les régions où il y avait la guerre. Faisant partie du programme génocidaire adopté secrètement par le Comité Union et Progrès (CUP, parti politique nationaliste connu aussi sour le nom de « Jeunes Turcs »), ces exactions étaient menées sous le couvert de la guerre. Elles s’inscrivaient dans le programme plus vaste du CUP visant à éradiquer les Arméniens de Turquie et des pays voisins dans le but de créer un nouvel empire pan-touranien. Au cours du printemps et de l’été 1915, la population arménienne a reçu l’ordre de quitter ses foyers dans toutes les régions situées en dehors des zones de guerre. Des convois composés de dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont évacués à pied vers le désert syrien.

Les déportations étaient déguisées en programme de réinstallation. Le traitement brutal des déportés, dont la plupart étaient obligés de marcher jusqu’à leur destination, montre clairement que les déportations étaient conçues comme des marches de la mort. 

Le processus de déplacement a également servi d’occasion majeure orchestrée par le CUP pour le pillage des richesses matérielles des Arméniens. Il s’est avéré être un un moyen efficace pour exproprier les Arméniens de tous leurs biens immobiliers.

Les déportés ont dû marcher sur des centaines de kilomètres, sous le soleil, sans eau ni nourriture. La famine fit des ravages, tout comme l’épuisement des personnes âgées, des plus faibles et des malades. Les autorités ont été délibérément privé les Arméniens de nourriture et d’eau afin d’accélérer la mort. Les survivants qui atteignent le nord de la Syrie étaient rassemblés dans un certain nombre de camps de concentration d’où ils étaient envoyés plus au sud pour mourir sous le soleil brûlant du désert. Avec la déportation méthodiquement organisée, le massacre systématique, la famine et les mauvais traitements de tous genres, le pouvoir ottoman a réduit sa population arménienne à une masse d’individus effrayés et affamés dont les familles et les communautés avaient été détruites d’un seul coup.

La plupart des personnes impliquées dans les crimes de guerre ont échappé à la justice. Beaucoup ont rejoint le nouveau mouvement nationaliste turc dirigé par Mustafa Kemal. Les forces nationalistes ont achevé le processus d’éradication des Arméniens par de nouvelles expulsions et de nouveaux massacres perpétrés au cours d’une série de campagnes militaires menées entre 1920 et 1923. Lorsque la République turque a été fondée en 1923 et que la nouvelle Turquie a été reconnue par la communauté internationale, la question arménienne et toutes les questions connexes de réinstallation et de restitution ont été balayées et bientôt oubliées.

On estime que près d’un million et demi d’Arméniens ont péri aux mains des forces militaires et paramilitaires ottomanes où suite aux traitements inhumains infligés durant la déportation.

Les réfugiés survivants se sont dispersés sur tous les continents du globe. Triomphante dans son entreprise d’anéantissement total des Arméniens et libérée de toute obligation envers les victimes et les survivants, la République turque a adopté une politique de négation totale du génocide arménien.