Les 16 journalistes arrêtés à Amed (Diyarbakir) le 16 juin 2022 en raison de leurs activités journalistiques sont toujours en prison. 220 jours se sont écoulés sans qu’aucun acte d’accusation n’ait été établi à leur encontre.
Le 8 juin, le bureau du procureur général de Diyarbakir a lancé deux enquêtes criminelles distinctes. À la suite de perquisitions dans plusieurs maisons et bureaux de médias, 22 personnes ont été arrêtées. Parmi elles se trouvaient 20 journalistes travaillant pour l’agence de presse Mezopotamya News, l’agence féminine Jin News et le quotidien kurdeXwebûn. La co-présidente de l’Association des journalistes Dicle Firat(DFG) a également été placée en garde à vue, ainsi qu’un employé d’un média et une personne qui avait accordé une interview à l’un des journalistes arrêtés.
Les bureaux de Pel Production, Piya Production et Ari Production ontégalement été perquisitionnés par la police qui, après trois jours de recherche, a confisqué des caméras, des ordinateurs, du matériel d’information, des archives et de nombreux documents.
Prolongation de la garde à vue
Le 12 juin, le tribunal pénal a accepté la demande du procureur et prolongé la période de garde à vue de 4 jours, au motif que l’examen du matériel numérique confisqué par la police pourrait prendre du temps.
Pendant les 8 jours de garde à vue, les journalistes ont été maintenus en cellule d’isolement à la Direction de la sécurité de Diyarbakir. Exerçant leur droit de garder le silence, les journalistes ont refusé de parler durant les interrogatoires de police au motif que l’enquête et la garde à vue étaient illégales.
Arrêtés pour avoir fait leur travail
Après huit jours de garde à vue, les journalistes étédéférés devant un juge et 16 d’entre eux ont été placés en détention. Le procureur a interrogé les journalistes sur les articles de presse qu’ils avaient publiés et les émissions qu’ils avaient produites. Il leura demandé pourquoi ils produisaient ces programmes (et dans un cas, pourquoi le journaliste avait cessé de produire telprogramme), pourquoi ils utilisaient tel langage dans leurs reportages et s’ils publiaient ces articles et produisaient ces programmes sur ordre du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et du KCK(Union des Communautés du Kurdistan). Il a également demandé aux journalistes s’ils connaissaient leurs consoeurs et confrères arrêtés et pourquoi ils travaillaient dans ces sociétés de production.
Aucun acte d’accusation
220 jours ont passé sans qu’aucun acte d’accusation n’ait été établi. Selon l’association DFG, 87 journalistes se trouvent actuellement dans les geôles turques.