La 27ème audience du procès dit de « Kobanê » s’est tenue cette semaine à Ankara.
L’affaire Kobanê a été mise en justice en 2020 contre 108 personnes, dont les anciens coprésidents du Parti démocratique du peuple (HDP), M. Selahattin Demirtaş et Mme Figen Yüksekdağ, l’actuelle coprésidente Mme Pervin Buldan, plusieurs députés et maires actuels et anciens du HDP, ainsi que tous les membres du Bureau exécutif central du HDP de 2014.
L’affaire lancée en guise de contre-attaque par le gouvernement turc, deux semaines seulement après que la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a rendu son arrêt définitif exigeant la libération immédiate de Selahattin Demirtaş. L’acte d’accusation dans l’affaire Kobanê est basé sur un message Twitter posté par le HDP le 6 octobre 2014. Celui-ci appelait à des manifestations démocratiques en solidarité avec les habitants de Kobanê, la ville kurde du nord de la Syrie qui luttait contre les attaques de l’État islamique, et aussi contre l’embargo du gouvernement turc sur la ville. Le procureur demande que tous les accusés soient condamnés à 38 reprises à des peines de prison à vie aggravées (sans possibilité de libération conditionnelle) pour les crimes de « destruction de l’unité de l’État et de l’intégrité du pays » et de « meurtre avec préméditation » des personnes qui ont perdu la vie lors des manifestations de Kobanê. Dix-sept personnalités politiques sont actuellement en détention provisoire dans le cadre de cette affaire.
L’affaire Kobanê est étroitement liée à l’affaire de dissolution du HDP mise en justice, à laquelle elle sert de prétexte. Dans l’affaire de clôture, l’accusation est principalement basée sur le rôle et la responsabilité présumés du HDP dans les meurtres qui ont eu lieu lors des manifestations de Kobanê en 2014. La Grande Chambre de la CEDH a déjà examiné ces allégations dans le cas de Selahattin Demirtaş et a conclu que ni M. Demirtaş, ni le HDP n’avaient de responsabilité dans les meurtres.
Le co-porte-parole du Parti de la Gauche Verte, Ibrahim Akın, a déclaré à propos de l’affaire Kobanê qu’il s’agissait d’une « affaire de conspiration politique » et a souligné les attaques contre Kobanê et la résistance mise en avant à l’époque.
M. Akın a déclaré : « Le droit international a effectivement dit que les déclarations faites au moment de l’invasion de Kobanê étaient des expressions démocratiques d’opinion. Ce procès est illégal et illicite. Il est le résultat de la politique hostile du régime d’Erdogan. Nos amis ne sont pas poursuivis. Grâce à leur défense, ils poursuivent en fait ouvertement ce procès illégal. En d’autres termes, ils jugent le régime de l’AKP, le régime autoritaire et fasciste de l’AKP ».
M. Akin a ajouté : « Cette affaire est une affaire inventée pour dissoudre le HDP, comme le montre le fait qu’elle a été ouverte 6 ans après le crime présumé. Nos amis sont en prison depuis près de 3 ans. Les maintenir en prison ne fera qu’exposer la Turquie pour ce qu’elle est, un régime brutal. Nous essayons de résister. Nous continuerons à revendiquer nos droits, à établir la justice et à lutter pour la justice pour tous.
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