Dans une lettre adressée au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le mouvement des femmes du Rojava, Kongreya Star, dénonce le silence de l’ONU face aux crimes commis par la Turquie.
La lettre dit ce qui suit :
« Nous souffrons, continuellement et plus que jamais, des crimes de l’État turc et de ses affidés. Ces crimes continuent malgré les appels de la plupart des institutions internationales à un cessez-le-feu global dans le monde afin de contenir la propagation du coronavirus dans les zones de conflit. Les Forces démocratiques syriennes ont, pour leur part, répondu favorablement à ces appels.
Les factions armées alliées de la Turquie n’ont jamais cessé de détruire des maisons, de tuer des civils, en particulier des femmes et des enfants, de les kidnapper, de les arrêter et de les jeter en prison pour les soumettre aux pires formes de torture et de traitement inhumain. La meilleure preuve en est la prison de la faction al-Hamza, dans laquelle des dizaines de femmes kurdes enlevées ont été séquestrées. Une autre preuve est le meurtre de Malak Nabih Jumah Khalil et de dix-sept autre femmes, dont Fatima Kina, dans les zones actuellement sous occupation turque. Cela constitue une nouvelle méthode de génocide contre les Kurdes.
Ce qui nous préoccupe vraiment, c’est votre incapacité à dénoncer tous ces crimes et violations des droits humains commis par la Turquie. C’est pourquoi, nous nous interrongeons quant au rôle de la communauté internationale et de ses institutions chargées du respect des droits humains et de la mise en œuvre des dispositions et principes des Nations unies. Votre approche vis à vis de ces questions traduit de l’indulgence et de la tolérance à l’égard de la Turquie, et permet à cette dernière d’attaquer des civils dans le nord et l’est de la Syrie. Vous ne pouvez feindre de ne pas voir les crimes commis quotidiennement par la Turquie dans les territoires occupés.
Par conséquent, vous rappelant vos responsabilités, nous vous demandons d’intervenir rapidement pour faire respecter le droit, résoudre la crise syrienne en général et mettre fin à l’occupation du nord de la Syrie par la Turquie.
Pour cela, nous vous demandons :
– de faire pression sur les autorités compétentes pour la mise en place d’une zone d’interdiction de vol dans le nord et l’est de la Syrie
– de créer une commission pour enquêter sur les crimes commis par l’État turc et ses factions alliées dans le nord et l’est de la Syrie et en particulier dans le village de Helincê, à Kobanê
– de mettre fin aux interventions de la Turquie en Syrie.
– de mette fin à l’occupation d’Afrin, Tall-Abyad (Girê Spî) et Ras-Al-Ain (Serêkaniyê) par la Turquie, et assurer le retour en toute sécurité des populations déplacées.
– de poursuivre et juger la Turquie et ses milices pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés au nord et à l’est de la Syrie, en particulier ceux commis contre les femmes. »