Le Conseil national suisse a reconnu officiellement les massacres de 2014 contre la minorité yézidie comme un génocide.

Le Conseil national suisse a reconnu officiellement les massacres de 2014 contre la minorité yézidie comme un génocide. Cette décision historique condamne les atrocités commises par l’EI et renforce les appels à la justice mondiale et aux réparations pour les victimes.

Dans une décision historique, le Conseil national suisse a officiellement reconnu les atrocités commises en 2014 contre la minorité yézidie dans le nord de l’Irak comme un génocide, marquant ainsi une étape importante vers la justice pour les victimes des massacres perpétrés à Shengal par l’État islamique (EI).

Après des années de plaidoyer international et de débats parlementaires, le Conseil a adopté mardi une résolution condamnant le meurtre systématique, l’esclavage et la destruction culturelle menés par l’EI contre les Yézidis, affirmant que ces crimes ont été perpéptrés avec une intention génocidaire.

« Les Nations unies ont déjà qualifié ces crimes de génocide », a souligné la députée Sibel Arslan du Parti vert au cours des débats. « Nous devons veiller à ce que ces atrocités ne restent pas impunies. Les reconnaître comme génocide est une obligation morale et légale ».

Le Parti social-démocrate suisse s’est félicité de cette décision, la considérant comme « une étape importante non seulement pour la réhabilitation des victimes, mais aussi pour prévenir les crimes terribles de l’EI ».

La déclaration ne condamne pas seulement les atrocités, mais charge également le Conseil fédéral de plaider en faveur de réparations internationales et de la justice pour les victimes yézidies. Le député Fabian Molina, qui avait déposé la motion en juin 2023, avait appelé la Suisse à s’aligner sur des reconnaissances similaires faites par les Nations Unies et d’autres acteurs internationaux.

La motion s’est heurtée à la résistance des membres de l’Union démocratique du centre (UDC), le député Pierre-André Page ayant exprimé des inquiétudes quant aux implications d’une reconnaissance parlementaire. « Ce n’est pas le rôle du Parlement suisse de se prononcer sur les crimes internationaux. Cela crée un précédent troublant », a averti M. Page, reflétant les hésitations plus générales des députés dissidents quant à l’étendue de la responsabilité parlementaire. Malgré ces objections, la majorité du Conseil national s’est rangée du côté de la Commission des affaires étrangères, qui avait auparavant recommandé l’adoption de la motion.

Le génocide des Yézidis a commencé le 3 août 2014, lorsque les forces de l’EI ont lancé un assaut brutal sur la région de Shengal au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Plus de 5 000 Yazidis ont été massacrés et plus de 7 000, principalement des femmes et des enfants, ont été enlevés et réduits en esclavage. Des milliers de personnes sont toujours portées disparues à ce jour.

Plusieurs organisations internationales, dont les Nations unies, ont officiellement qualifié ces crimes de génocide. Plus de 19 pays et institutions régionales et internationales ont depuis reconnu officiellement le génocide des Yézidis. 

Cette dernière reconnaissance a un poids symbolique, la Suisse étant un acteur diplomatique de premier plan. La résolution du Conseil national comprend d’ailleurs une directive visant à diffuser la déclaration dans le monde entier par l’intermédiaire des ambassades et missions suisses. Elle souligne ainsi l’engagement du pays à promouvoir la justice et la responsabilité au niveau international.

« La reconnaissance du génocide des Yézidis renforce la position de la Suisse contre le terrorisme et son attachement aux droits humains », a déclaré un représentant de la Commission des affaires étrangères.