Le commandant général des FDS a tenu une conférence de presse à Hassaké, au sujet des menaces d’invasion turques dans le nord de la Syrie
Mazlum Abdi, commandant général des FDS, donne une conférence de presse au quartier général de l'organisation militaire à Hassaké, vendredi 15 juillet

Mazlum Abdi, commandant général des FDS, a tenu vendredi une conférence de presse à Hassaké, au sujet des menaces d’invasion turques dans le nord de la Syrie et des préparatifs des FDS pour faire face aux attaques.

Selon Mazlum Abdi, la prochaine guerre d’agression de la Turquie contre les zones autonomes du nord et de l’est de la Syrie est imminente. « Des troupes massives sont concentrées aux limites de Tall Rifat et Manbij. L’Etat turc renforce sa force militaire et la fera valoir dès que l’occasion se présentera. Tous les préparatifs nécessaires à la prochaine attaque contre nos régions sont déjà terminés », a déclaré vendredi le commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS) lors d’un point de presse au quartier général des FDS à Hassaké.

LA TURQUIE A VIOLÉ LES ACCORDS DE CESSEZ-LE-FEU

Le 23 mai, le président turc Tayyip Erdoğan a annoncé que la Turquie prévoyait une nouvelle invasion le long de sa frontière sud. L’objectif déclaré était de créer une “zone de sécurité” de 30 kilomètres de profondeur sur toute la bande frontalière du nord de la Syrie. Pour justifier son projet d’invasion, Ankara prétend qu’il s’agit de se défendre contre des « attaques » des Unités de Protection du peuple (YPG), qui forment l’épine dorsale des FDS. L’intervention militaire serait nécessaire pour la sécurité nationale et la défense des frontières du pays. Les villes de Manbij et de Tall Rifat sont les premières zones dans le collimateur d’Ankara qui prétend vouloir les « nettoyer des terroristes ».

« Les forces turques et leurs mercenaires se préparent, ils se concentrent sur Tall Rifat et Manbij, et ils attaqueront dès qu’ils en auront l’occasion. Ils sont en train de faire leurs derniers préparatifs », a déclaré Mazlum Abdi

Réfutant l’argument turc selon lequel l’opération a été lancée en raison de la violation par les FDS des accords de cessez-le-feu des 17 et 22 octobre 2019, M. Abdi a déclaré: « En réalité, c’est l’État turc qui enfreint les accords et commet des violations. Les crimes commis par les groupes pro-turcs et les frappes aériennes de l’armée turque sur les civils dans le nord-est de la Syrie, sont documentés par nos centres. »

300 ATTAQUES EN UN MOIS

Selon un bilan dressé par le centre de presse des FDS, l’armée turque et les mercenaires alliés ont mené 300 attaques d’artillerie dans le nord de la Syrie au cours du mois dernier. Les zones autonomes ont été visées durant cette période par quelque 1360 tirs d’obus. « Par ailleurs, a précisé Abdi, six tentatives d’infiltration ont été repoussées. Nos villes et villages ont été attaqués à 22 reprises par des drones. Les frappes de drone ont coûté la vie à six personnes, dont deux enfants. Neuf autres civils ont été blessés à la suite de ces attaques. »

LES ZONES OCCUPÉES, DES ABRIS POUR l’EI

Plus important encore, les zones occupées sont devenues un foyer pour les mercenaires de l’État islamique (EI), a déclaré Abdi, rappelant les exécutions de nombreux dirigeants de l’EI dans ces régions, dont Abu Bakr al-Baghdadi. « Cela montre qui viole l’accord », a-t-il dit, confirmant l’engagement de ses forces à respecter les termes de l’accord de 2019, y compris le retrait des FDS de la frontière syrienne avec la Turquie sur une distance de 30 km et l’ouverture de la zone frontalière aux forces du régime syrien.

« L’allégation selon laquelle nos forces ne respectent pas l’accord de cessez-le-feu vise à diviser la Syrie et empêcher toute solution. Nous avons fait de nombreux efforts pour éviter ces attaques. Nous avons appelé tout le monde à prévenir ces attaques », a poursuivi le commandant des FDS.

Concernant la lutte contre l’EI, Abdi a déclaré que le nombre de membres de l’EI arrêtés lors d’opérations de sécurité avait diminué de moitié au cours du mois de juin par rapport au mois de mai. 73 membres de l’EI ont été arrêtés en mai contre 30 en juin, a-t-il précisé.

LA POSITION INTERNATIONALE EST INSUFFISANTE POUR DISSUADER LES ATTAQUES

Faisant référence aux positions internationales concernant les menaces turques, Abdi a noté que « la Coalition internationale et les États-Unis expriment certes une position, mais les menaces persistantes montrent une nette insuffisance des positions visant à stopper l’escalade. »

Abdi a également salué les « efforts importants de désescalade » de la Russie, soulignant que l’armée syrienne avait renforcé ses forces aux frontières des zones de Kobanê et Tall Rifat.

CE SERA LE COMBAT DE TOUTE LA SYRIE

Abdi a fait remarquer qu’une éventuelle guerre toucherait toute la Syrie et que tous les opposants à l’invasion, y compris les forces de Damas allaient résister.

« Dans ce cas, nous nous concentrerons sur la défense contre les attaques turques. Cependant, cela affectera notre engagement contre l’EI. Dans une situation de défense, nous ne pouvons pas garantir le maintien de la lutte contre la terreur », a déclaré Abdi, soulignant que, selon les informations dont disposent les FDS, l’organisation djihadiste se prépare à une attaque majeure contre le Camp d’Al-Hol.

« Si l’État turc insiste pour attaquer, nous réagirons en conséquence. Au cours des trois dernières années, nos forces ont renforcé leur défense et leur formation militaire. Nous avons acquis de l’expérience à Afrin, Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et Girê Spî (Tall Abyad) et notre force militaire est aujourd’hui plus importante. Si l’État turc attaque, c’est nous qui déterminerons le résultat. Ce ne sera pas le combat des Kurdes et des FDS, mais le combat de toute la Syrie. Ce sera le combat de tous ceux qui s’opposent à l’occupation du territoire syrien », a souligné M. Abdi.

UNE RÉSISTANCE COMMUNE SUR TOUS LES FRONTS

« Nous ne nous retirerons pas, a poursuivi le commandant. La guerre dans le nord de la Syrie sera un combat pour l’ensemble du pays, une lutte dont nous déterminerons le sort – et non l’armée turque ni ses mercenaires. Nous allons mener cette résistance tous ensemble, y compris avec les troupes du gouvernement de Damas. Toute la population doit se positionner aux côtés de ses forces de défense. Nous devons résister tous ensemble. Nous nous battrons jusqu’au bout avec notre peuple pour mettre fin à cette guerre ». 

Pour finir, Abdi a appelé tous les habitants du nord et de l’est de la Syrie à « soutenir la résistance et à se tenir aux côtés de leurs enfants ». Il a appelé en outre toutes les parties à résoudre leurs conflits politiques et idéologiques et à assumer leurs responsabilités nationales.

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