Le co-maire de la ville d’Amed condamné à 9 ans et 4 mois de prison
Selçuk Adnan Mizrakli, Co-maire de Diyarbakir condamné à 9 ans et 4 mois de prison.

Le Co-maire destitué a été condamné à 9 ans, 4 mois et 15 jours de prison pour une supposée « appartenance à une organisation terroriste ».

La dernière audience du procès lancé contre le maire déchu Selçuk Mizrakli s’est tenue devant la cour d’assise d’Amed (Diyarbakir) ce lundi.

Médecin de profession, Mizrakli a été élu co-maire de la métropole kurde d’Amed en Mars 2019 avant d’être démis de ses fonctions par le Ministère de l’Intérieur Turc le 19 août dernier. En octobre 2019, il a été arrêté et incarcéré, accusé de participation à une organisation terroriste, sur le fondement des déclarations d’une « repentie » du nom de Hicran Berna Ayverdi. Cette dernière a depuis été libérée.

Détenu dans la province de Kayseri, à 700 km d’Amed, Mizrakli n’a pas assisté à l’audience, refusant le système de visio-conférence. Il a été représenté devant la cour par ses avocats.

L’audience a été observée par de nombreux politiciens et représentants d’Allemagne et de l’étranger. Parmi les personnes présentes au procès, il y avait les députés du HDP Musa Farisogullari, Semra Güzel et Necdet Ipekyüz, le président de la Chambre de Médecine de Diyarbakir Serif Demir et une délégation étrangère composée du docteur Gisela Penteker du Comité des Réfugiés de la Basse-Saxe, Lukas Maria Ossewald du Conseil Municipal du Parti de Gauche de l’Ortenau et de Bernhad Von Grünberg, député du Parti Social-Démocrate d’Allemagne et vice-président de UN Refugee Aid (Assistance aux Réfugiés, Nations Unies). 

Alors que l’accusation réitérait son opinion de la précédente audience, les avocats ont plaidé pour le retrait de cette opinion et dénoncé l’illégalisation du DTK (Congrès de la Société Démocratique), précisant que les activités politiques de leur client au sein du DTK ne constituaient pas un crime.

Les avocats ont également dénoncé l’opinion juridique de l’accusation car elle est basée sur les affirmations d’une seule témoin, soulignant que « conformément aux règles de la Cour Suprême datant de 2019, les activités d’un suspect ne peuvent pas être considérées comme des activités organisationnelles sauf si les affirmations de témoins secrets sont justifiées avec d’autres preuves ».

Les avocats ont également demandé à connaître le contexte dans lequel Hicran Berna Ayverdi en est arrivée à témoigner contre Mizrakli, ses affirmations ayant été falsifiées, et ce qui lui a été promis en retour, sachant qu’elle a été acquittée la semaine dernière.

Les avocats ont déclaré : « C’est un procès politique contre lequel les avocats n’ont aucune chance de lutter. Nous avons été témoins du même procès pour Osman Kaval. La cour nous a demandé de soumettre une défense dans le but de légitimer sa décision qui est effectivement illégitime et illégale. Vous pouvez garder Mizrakli en prison pour quelques années mais vous allez avoir affaire à une société entière.

Notre client a rejoint la protestation contre le limogeage des maires élus sur l’avenue Lise à l’hôtel de ville jusqu’au jour où il a été arrêté. Sa participation à ces protestations lui a valu l’emprisonnement. 

A travers cette décision contre Selçuk Mizrakli, vous allez prouver que les Kurdes n’ont pas le droit d’élire leurs représentants. Vous ne pouvez pas justifier votre décision avec l’allégation d’une « suspicion de lutte ».

La Cour a ensuite décidé de poursuivre l’arrestation et condamné Mizrakli à 9 ans, 4 mois et 15 jours d’emprisonnement pour « appartenance à une organisation terroriste ».

A l’audience, les députés HDP étaient encerclés par la police et n’étaient pas autorisés à faire une déclaration à la presse stationnée à l’extérieur du tribunal. A cause des tensions grandissantes ayant suivi la décision, les députés ont quitté le tribunal sans avoir pu s’exprimer contre le verdict.