Après l’exécution de quatre membres d’une même famille par le groupe djihadiste pro-turc Ahrar al-Sharqiya à Jindires, dans la région occupée d’Afrin, les institutions du nord et de l’est de la Syrie demandent à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires contre les forces d’occupation turques et leurs mercenaires alliés.
Le massacre d’Afrin et les autres atrocités commises par les forces turco-djihadistes en Syrie ne doivent pas rester sans conséquences. C’est ce que réclame le département des relations extérieures de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) qui appelle la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires contre la puissance occupante, c’est à dire la Turquie. « Un crime de guerre a été commis à Afrin et doit être puni », déclare de son côté le Conseil démocratique syrien (CDS).
Dans la nuit de lundi à mardi, quatre membres d’une famille kurde ont été abattus par le groupe djihadiste « Ahrar al-Sharqiya », allié de la Turquie, dans le chef-lieu du district de Jindirês, à Afrin. Les victimes, des hommes âgés de 18 à 43 ans, avaient allumé un feu devant leur maison pour célébrer le Newroz, le nouvel an kurde. Le frère d’une des victimes, qui a été témoin de la scène, a raconté que les mercenaires avaient d’abord insulté les Kurdes, avant de leur jeter des pierres et de sortir brusquement leurs armes.
Fondé en 2016, le groupe islamiste Ahrar al-Sharqiya compte parmi ses membres de nombreuses personnes originaires de la région de Deir ez-Zor, dans l’est de la Syrie. Il fait partie de l’Armée nationale syrienne (ANS) – une coalition de milices formées et équipées par Ankara. Elle compte dans ses rangs d’anciens membres de l’organisation terroriste « État islamique » (EI) et s’est distinguée à plusieurs reprises par de graves violations des droits humains et des crimes de guerre. Le groupe s’est particulièrement fait connaître pour sa brutalité et ses atrocités à l’encontre de la population kurde. L’assassinat de Hevrîn Khalaf en fait partie : tombée dans une embuscade d’Ahrar al-Sharqiya, la secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie a été torturée et exécutée au cours de la guerre d’agression contre Serêkaniyê en octobre 2019.
Mettre fin au régime de terreur à Afrin
« Nous appelons la communauté internationale et les organisations internationales de défense des droits humains à assumer leurs responsabilités et à traduire ces criminels en justice. Une enquête internationale indépendante doit être lancée sur ces crimes de guerre, et leurs auteurs doivent être jugés », déclare l’AANES dans un communiqué. Selon l’administration autonome, il est urgent de mettre fin à l’occupation turque à Afrin et dans les autres zones du nord de la Syrie envahies par la Turquie. « Il est du devoir et de la responsabilité de la communauté internationale et des sociétés démocratiques de veiller à ce que le régime de terreur prenne fin à Afrin et que toutes les personnes déplacées puissent retourner chez elles et mener une vie digne et libre », ajoute le communiqué de l’AANES.
Autrefois considérée comme un havre de paix au milieu du chaos de la guerre syrienne, Afrin est en proie à un régime de terreur depuis son occupation par la Turquie en mars 2018: les déportations, les exécutions, la torture, le pillage et les expulsions sont devenues le quotidien de la population. La population kurde a été en grande partie expulsée et remplacée par des populations arabes venues d’autres régions de la Syrie.
« Coup de balai anti-kurde » dans la zone d’occupation
Le CDS fait remarquer que le massacre de Jindirês ne peut pas être considéré séparément de l’occupation, des expulsions et du coup de balai anti-kurde dans la région: « Ce crime a une dimension politique, sécuritaire et sociale. La force d’occupation et ses éléments en sont responsables. Tous ceux qui se taisent face à l’occupation et au nettoyage ethnique d’Afrin sont coresponsables du massacre ».
À propos du CDS
Créé en 2015, le Conseil démocratique syrien (CDS) est une assemblée qui regroupe les partis politiques et les organisations du nord et de l’est de la Syrie. Il établit un cadre politique pour la gouvernance en Syrie selon un modèle décentralisé et fédéral. Il est l’organe politique auquel les Forces démocratiques syriennes (FDS) rendent compte. Il est également le pendant politique de l’AANES, qui assume des fonctions plus administratives et exécutives. Les négociations avec le gouvernement syrien ainsi que les relations diplomatiques avec d’autres pays sont généralement menées par le CDS.