La politicienne kurde Aysel Dogan est décédée dans un hôpital en Allemagne après avoir lutté contre un cancer pendant des années.
Aysel Dogan, femme politique kurde décédée en Allemagne le 11 mai

La politicienne kurde Aysel Dogan est décédée dans un hôpital en Allemagne après avoir lutté contre un cancer pendant des années.

Atteinte d’un cancer depuis plusieurs années, Aysel Dogan est décédée mercredi dans un hôpital en Allemagne. Née en 1953 dans la région de Dersim, elle s’est engagée dès sa jeunesse pour la reconnaissance constitutionnelle de l’identité kurde. Après ses études, elle a travaillé comme enseignante. Suite au coup d’Etat militaire de 1980, elle a été arrêtée et torturée à plusieurs reprises, et détenue arbitrairement pendant des années.

En 1991, elle s’est présentée aux élections législatives en tant que candidate indépendante dans la région de Dersim. Bien qu’elle ait obtenu la majorité des voix dans la circonscription, elle n’a pas obtenu de siège au parlement en raison des restrictions imposées par la loi électorale turque. Du fait de ses activités politiques, elle s’est retrouvée dans le collimateur du JITEM. Menacée de mort à plusieurs reprise, la militante kurde alévie a été contrainte de quitter la Turquie pour se réfugier en Allemagne, où elle a poursuivi son engagement pour la cause kurde.

En 1999, le leader kurde Abdullah Öcalan qui était emprisonné sur l’île-prison d’Imrali depuis février 1999, a appelé des groupes de paix à se rendre en Turquie pour entamer un processus de négociations avec l’État turc. Aysel Dogan était membre de la délégation partie de l’Europe. Elle a été arrêtée à son arrivée en Turquie avec tous les autres membres de la délégation, et condamnée à dix ans de prison. Après sa libération en 2009, elle est retournée à Dersim où elle a fondé une académie alévie, une structure ayant pour mission de préserver la culture alévie en même temps que d’oeuvrer à la protection de l’écosystème de la région.

De nouveau arrêtée en 2011 dans le cadre des opérations dites KCK (Union des Communautés du Kurdistan), Aysel Dogan a été condamnée à 18 ans de prison. En 2012, elle a participé à une grève de la faim massive dans les prisons turques pour protester contre l’isolement d’Abdullah Öcalan. Libérée en 2015 en raison de l’évolution de son cancer, elle est retournée à Dersim où elle a poursuivi ses activités militantes et associatives jusqu’à son départ pour l’Allemagne.