Anwar Muslim, Co-président du Parti de l’Union démocratique (PYD) considère la Journée mondiale pour Kobane comme un tournant majeur dans l’histoire proche des Kurdes.
Le 1er novembre 2014, les peuples du monde entier se sont unis pour soutenir la résistance de Kobane, alors que des millions de manifestants de différentes nationalités, tendances politiques, groupes ethniques et groupes religieux sont descendus dans les rues en brandissant les drapeaux des Unités de protection du peuple (YPG) et des Unités de protection féminine (YPJ) en scandant des slogans dénonçant les attaques de l’Etat Islamique (EI) contre Kobane et appelant la communauté internationale à soutenir la lutte héroïque menée par les Kurdes contre l’État islamique (EI).
Ce jour-là, les organisateurs des manifestations ont publié une déclaration et ont demandé de considérer le 1er novembre comme une journée internationale de solidarité avec Kobane. En conséquence, des millions de personnes sont descendues dans les rues sous le slogan « Mobilisation mondiale pour Kobane ».
A l’occasion de la journée mondiale pour Kobane, l’agence de presse kurde ANHA s’est entretenu avec le coprésident du Parti de l’Union Démocratique (PYD), Anwar Muslim.
L’intégralité de l’interview
–Pendant plusieurs mois, Kobane a été témoin d’une résistance féroce contre les djihadistes de l’EI, ce qui a attiré l’attention de la communauté internationale, et après cela, le 1er novembre a été considéré comme la Journée mondiale de solidarité avec Kobane, alors quelles sont les raisons de cette solidarité et de ce soulèvement ?
Cette solidarité est née de la peur que les massacres de Shengal deux mois plus tôt contre les Kurdes yezidis où des milliers de femmes yezidies ont été kidnappées, se reproduisent à nouveau. C’est ainsi qu’il y’a eu une grande résistance contre EI, et que les pro-démocrates et l’humanité se sont mobilisés avec la résistance de Kobane.
–Quelle est la signification de cette solidarité mondiale en termes politiques pour le peuple kurde ?
Cette solidarité mondiale signifie que les communautés mondiales n’attendent plus que leurs gouvernements prennent une décision de solidarité. Cette solidarité a marqué un tournant dans la cause kurde à l’échelle mondiale. Elle n’est plus l’otage des intérêts des pays de la région et de leur obscurité.
–Le 1er novembre peut-il être considéré comme un tournant historique dans l’ouverture mondiale à la question kurde ?
Certainement il l’est. Pendant plus d’un siècle, la question kurde a été loin des forums internationaux malgré les malheurs auxquels elle a été exposée au XXe siècle par les régimes au pouvoir en Syrie, en Irak, en Turquie et en Iran. Il en a été de même pour la résistance de Kobane et la solidarité. L’influence international joue un grand rôle dans la levée du black-out sur la cause kurde dans ces pays.
–L’État turc tente de criminaliser la célébration de cette journée par l’arrestation de membres du HDP, pourquoi fait-il cela ?
Malheureusement, l’État turc ne veut pas seulement empêcher la célébration de cette occasion mondiale, mais il arrête aussi toute personne qui se souvient de cette occasion, et même les journaux turcs ont peur de mentionner ce jour.
Le gouvernement turc d’Erdogan a peur de la solidarité internationale avec les régions du nord-est de la Syrie, puisque l’EI y a été vaincu pour la première fois, de Kobane à Baghouz, et il est plus exact que toutes les tentatives turques visent à contrecarrer le projet de coexistence dans le nord-est de la Syrie.
–Comment la résistance de Kobane a-t-elle contribué à l’élimination de l’EI ? Comment a-t-elle affecté les politiques des Etats régionaux qui soutenaient l’EI ?
Lorsque l’EI a pris le contrôle de la ville irakienne de Mossoul, puis de la ville syrienne de Raqqa, il lui semblait que toutes les villes s’effondreraient, mais à Kobane, la situation était différente ; c’était le début de la fin de l’EI à partir de Kobane.
–Comment évaluer le rôle des femmes dans la résistance de Kobane, et attirer le soutien du monde ?
Le rôle des Unités de protection féminine (YPJ) dans la résistance de Kobane » a été crucial dans une région connue pour tenir les femmes à l’écart de la participation active, mais avec l’attaque de l’EI à Kobane, ce concept classique a changé car les femmes ont fait un saut intellectuel dans la construction de la société.
–Que faut-il pour préserver de cette solidarité avec la résistance du Rojava, au nord-est de la Syrie ?
Augmenter le niveau de la lutte intellectuelle et administrative dans le nord-est de la Syrie pour la Syrie de demain, malgré la guerre de communication menée par la plupart des régimes régionaux pour contrecarrer le projet d’administration autonome et déstabiliser la région.
Par conséquent, nous devons être du côté des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui sont le parapluie de tous nos enfants de toutes les religions, et aussi soutenir les institutions de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) sous tous ses aspects afin que nous puissions protéger les acquis de la résistance de Kobane et préserver cette solidarité internationale.