Des ONG de défense de la liberté de la presse et des droits humains condamnent la recrudescence alarmante des arrestations de journalistes kurdes en Turquie.
25 organisations de défense de la liberté de la presse et des droits humains, dont l’Institut international de la presse (IIP) et l’Association d’études sur les médias et le droit (MLSA) condamnent fermement l’incarcération de trois journalistes kurdes la semaine dernière. Dans une déclaration commune publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, elles exhortent les autorités turques à respecter la liberté de la presse et à libérer immédiatement les journalistes détenus. « La Turquie doit respecter les normes internes et internationales garantissant la liberté de la presse et s’abstenir de cibler les médias kurdes. Tous les journalistes doivent pouvoir exercer leur profession, qui est essentielle au bon fonctionnement de la démocratie, sans craindre d’être intimidés », clament les signataires de la déclaration.
Trois journalistes incarcérés
Le 23 avril, une opération visant des journalistes kurdes à Istanbul, Ankara et Urfa a conduit à l’arrestation de neuf personnes, dont plusieurs correspondants de l’agence de presse Mezopotamya (MA), un organe de presse kurde régulièrement ciblé par la répression étatique. Les journalistes ont été placés en garde à vue pendant quatre jours et privés de l’assistance d’un avocat durant les 24 heures premières heures.
Après comparution devant le tribunal, trois d’entre eux, Mehmet Aslan, Esra Solin Dal et Erdoğan Alayumat, ont été incarcérés le 27 avril, accusés d’« appartenance à une organisation terroriste ».
Cependant, d’après l’association MLSA, leurs dossiers ne contiennent aucune preuve permettant d’étayer une telle accusation. Lors des interrogatoires de police, ils ont été interrogés uniquement sur leur travail journalistique, leurs sources et leurs activités sur les médias sociaux. L’unité juridique de MLSA a fait appel de l’ordonnance de confidentialité et des restrictions supplémentaires imposées à leur dossier.
Persistance du harcèlement et de l’intimidation à l’encontre des journalistes kurdes
Ces dernières années, les médias et les journalistes kurdes ont été la cible d’une répression accrue des autorités turques. L’année dernière, neuf journalistes kurdes ont été envoyés en prison. La plupart avaient été arrêtés peu avant les élections présidentielles et législatives de mai 2023. La base de données Mapping Media Freedom recense 43 alertes concernant 118 journalistes, professionnels des médias ou médias kurdes depuis 2022. Ces alertes sont principalement des cas de harcèlement juridique qui aboutissent souvent à l’arrestation et à l’emprisonnement.