Huit ans se sont écoulés depuis la libération de Kobanê. La bataille stratégique de Kobanê a eu lieu entre le 15 septembre 2014 et le 26-27 janvier 2015, date à laquelle la ville kurde du nord de la Syrie a été libérée de l’EI.
Ce 26 janvier marque le huitième anniversaire de la libération de Kobanê, cette ville kurde du nord de la Syrie dont la résistance inouïe contre l’invasion de l’organisation djihadiste État islamique (EI) est entrée dans les pages de l’histoire.
LE SIÈGE DE KOBANÊ
Dans la nuit du 14 au 15 septembre, l’EI a lancé une offensive sur Kobanê à partir de cinq fronts. Il n’a pas fallu longtemps au commandement des Forces de protection du Peuple et des Femmes (YPG-YPJ) pour comprendre l’énorme inégalité technique et numérique entre les deux parties. En lançant cette offensive avec toutes ses forces et ses armes les plus sophistiquées, l’EI avait pour objectif d’envahir et occuper Kobanê en peu de temps. « Ce ne sera pas une bataille ordinaire », avait alors déclaré la commandante des YPJ Meryem Kobanê, ajoutant que ce serait « une confrontation entre la barbarie dominante masculine et le pouvoir spirituel de la modernité démocratique ». « Nous allons gagner cette guerre », avait-elle proclamé.
ARÎN MÎRKAN DEVIENT UN SYMBOLE À MISHTENÛR
La colline de Mishtenûr à Kobanê a été ciblée par des armes lourdes et des chars. Des affrontements violents y ont éclaté entre les combattants kurdes et les groupes de mercenaires. Mishtenûr est un lieu sacré pour le peuple de Kobanê. Elle a été témoin de la résistance sacrée des combattants YPG et YPJ. La colline est tombée sous le contrôle de l’EI le 5 octobre, après des jours de résistance héroïque contre de lourdes attaques. Ne pouvant admettre cette défaite, la commandante des YPJ Arîn Mîrkan a décidé de mener une action de sacrifice. Elle est arrivée à un point de rassemblement des djihadistes et a déclenché les explosifs qu’elle portait sur elle, tuant des dizaines de membres de l’EI. C’est à partir de ce moment que les mercenaires de l’EI ont commencé à douter et à prendre peur. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, ils prenaient conscience que la bataille ne serait pas gagnée en une semaine, qu’ils allaient vivre un enfer à Kobanê.
« L’ENFER POUR L’EI »
Après Mishtenûr, les mercenaires ont commencé à entrer dans le quartier de Kaniya Kurda par l’est. À l’ouest, la colline d’Izae était également tombée sous le contrôle des djihadistes. Au sud, ils avaient atteint le cimetière de Martyr Dicle, près de l’entrée de la ville.
La commandante Meryem Kobanê avait alors décrété que la ville serait un enfer pour l’EI. Déçus que Kobanê ne soit pas tombée après une semaine, le gouvernement turc et ses médias ont prétendu que Kobanê allait tomber sans résistance à partir du moment où les envahisseurs avaient atteint le centre-ville. Lorsque l’EI est entré dans la ville, le Premier ministre de l’époque, l’actuel président Recep Tayyip Erdoğan, s’est réjoui de ce que Kobanê était « sur le point de tomber ». la commandante générale des YPJ Meysa Ebdo avait alors rétorqué : « Kobanê ne tombera que dans ses rêves. La résistance ne fait que commencer, Kobanê sera un enfer pour l’EI et ses partisans. »
Après trois mois de résistance acharnée, les combattants YPG-YPJ ont lancé la phase finale de la bataille à Kaniya Kurda. Après avoir débarrassé la majeure partie de la ville des mercenaires en peu de temps, ils ont finalement atteint la colline de Mishtenûr, avant de débarrasser tout le front sud des mercenaires.
LE COUP FINAL
Le deuxième jour de l’opération finale, le commandant du front de l’Est, Mazlum Kobanê, a déclaré : « Nous annoncerons la liberté dans les quatre coins », et c’est ce qui s’est passé. Le troisième jour de l’opération, les préparatifs ont été effectués pour porter le coup final et fatal aux mercenaires de l’EI. La libération de la ville serait proclamée à temps pour l’anniversaire de la déclaration du canton, le 27 janvier.
Quelques heures après la fin de l’opération, des chants et des slogans ont retenti à la radio: « Bijî Serok Apo » (vive le leader Apo), « Bijî Berxwedana Kobanê » (Vive la résistance de Kobanê)!
La libération de Kobanê devait être proclamée après la prise de Kaniya Kurda. Les combattants s’étaient battus bec et ongles pendant plus de quatre mois, le doigt sur gâchette en tout temps, par le froid, sans sommeil, sans nourriture, avec des munitions dérisoires.
LE DRAPEAU DES YPG HISSÉ SUR KANIYA KURDA
Les combattants kurdes se sont précipités sur la colline de Kaniya Kurda pour y hisser un drapeau géant des YPG. Les paroles de la commandante Meryem Kobanê sont devenues réalité au 134e jour de la résistance implacable contre l’organisation terroriste.