Dans la ville de Hakkari, s’est déroulée aujourd’hui une marche pour protester contre le coup d’État politique mené par le régime turc contre la municipalité kurde. La manifestation a été réprimée par la police turque qui a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.
Depuis deux jours, la population de Hakkari (Colemêrg en kurde) proteste contre l’arrestation de son co-maire, Mehmet Sıddık Akış. L’élu kurde a été arrêté et déchu de son mandat lundi, soit deux mois après son élection. Il avait été élu le 31 mars dernier avec 48,92 % des voix. Le ministère turc de l’intérieur a annoncé lundi que M. Akış était remplacé dans ses fonctions par le gouverneur de la province.
Les habitants de Hakkari sont descendus en masse dans les rues de la ville ce mardi pour protester contre la saisie de la municipalité. La coprésidente du Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples (DEM), Tülay Hatimoğulları, ainsi que les coprésidents du Parti des régions démocratiques (DBP), Çiğdem Kılıçgün Uçar et Keskin Bayındır, et des représentants du CHP (1er parti d’opposition, kémaliste) marchaient en tête de cortège.
Au cours de la marche vers la municipalité, les manifestants ont scandé régulièrement des slogans tels que « Nous gagnerons en résistant », « Nous ne voulons pas d’un maire voleur » et « Bijî berxwedana Hekkarî » [Vive la résistance de Hakkari]. La police a attaqué la foule avec des bombes à gaz. Les jeunes ont répondu à l’attaque de la police par des jets de pierres dans certaines rues.
Après les prises de parole des politiciens, la police a de nouveau attaqué la foule avec des canons à eau et des bombes à gaz. Certains députés présents dans le cortège ont été aspergés de gaz. Le journaliste Nevroz Seyitoğlu a perdu connaissance suite à des violences policières.
Malgré la répression policière, les manifestations se poursuivent ce soir dans plusieurs quartiers de la ville.