une lettre de Leyla Güven qui a quitté la prison d’Elazig pour celle de Sincan (Ankara), est arrivée, comme un rayon de soleil
Leyla Güven et sa fille Sabiha. Traduction du texte à gauche: "Cher ami, ma fille Sabiha et moi avons voulu vous faire un sourire."

Après plus de 18 mois sans nouvelles de nos amies détenu-es dans les geôles turques, nos lettres et cartes postales étant restées sans réponse, une lettre de Leyla Güven qui a quitté la prison d’Elazig pour celle de Sincan (Ankara), est arrivée, comme un rayon de soleil balayant nos inquiétudes quant au sort réservé à nos envois. Ils sont lus et appréciés :

« J’ai reçu votre dernière lettre et vos deux cartes, et vous remercie beaucoup. Votre amitié est une vraie amitié . Je vous le dis clairement. Vous ne nous avez jamais laissés seules, nous les politiciennes qui nous nous trouvons en prison. Vous et vos amis, nous vous avons sentis toujours à nos côtés, avec les lettres que vous nous avez envoyées. C’est bien de voir les amis comme vous chez nous. Merci beaucoup ».

Oui il très important de soutenir les détenu-es politiques kurdes. Moralement, affectivement, socialement, politiquement. Même si les réponses se font rares. Les raisons des non-réponses sont dues essentiellement à la censure et au coût très élevé de la correspondance pour le détenu. La lettre de Leyla Güven confirme par ailleurs que l’information sur l‘opération ‘’stylos’’ en faveur de Hülya Alökmen Uyanık, co-maire de Diyarbakir élue, destituée et emprisonnée en 2019, a bien franchi les murs de la prison, même si les stylos envoyés n’ont pas été remis à leurs destinataires. Ils sont peut-être sur la table du directeur de la prison, peu importe ! les photos sont passées ! Le message aussi.

Dans les prisons s’organise un vaste mouvement de protestation

La lettre de Leyla Güven délivre une information importante et lance un appel au soutien :

« Nous, les détenus politiques kurdes, nous avons lancé une action pour que cesse la situation d’isolement dans laquelle sont maintenus Abdullah Ocalan et ses trois amis. Eux aussi doivent avoir les mêmes droits que ceux qui sont accordés à tous détenus politiques kurdes . C’est pour protester contre cette situation que nous avons décidé de faire la grève de parloir. Nous refusons d’utiliser nos droits de téléphone de 10 minutes pas semaine. Nous refusons de participer au procès qui est ouvert contre nous et nous refusons de recevoir les députés qui veulent nous rendre visite. Et ce, tant que la situation d’isolement contre Abdullah Ocalan perdurera. Nous vous demandons de nous soutenir pendant ce temps. Mais vous, vous nous avez toujours soutenus. Je vous remercie de nouveau et vous prie de transmettre à tous les démocrates mes salutations et mes amitiés et celles de toutes les amies qui sont avec moi détenues à Sincan. Vive la solidarité entre les peuples ».

Quand on connait l’importance, pour tout détenu, des visites et des conversations téléphoniques, on mesure la détermination et le sacrifice consenti pour faire cesser une situation scandaleuse, insoutenable, infligée à Abdullah Ocalan qui est privé de tout contact extérieur depuis 3 ans. Le dernier remonte très précisément au 25 mars 2021 : une conversation téléphonique de cinq minutes avec son frère, interrompue sans explication par les autorités pénitentiaires turques. On se croirait revenu au Moyen-Age, époque où les monarques pouvaient s’octroyer le droit d’envoyer leurs opposants croupir dans des culs de basse-fosse. Merci d’envoyer des cartes postales aux détenus pour soutenir leur mouvement : peu de mots en turc, le geste suffit. Il sera compris et apprécié.

André Métayer