Lors d’une conférence de presse tenue au Parlement turc, Gülistan Kılıç Koçyiğit, vice-présidente du groupe parlementaire du Parti de l’Égalité des Peuples et de la Démocratie (DEM Parti), a souligné l’urgence de lever l’isolement imposé au leader kurde Abdullah Öcalan, qu’elle qualifie d’« acteur central pour une solution pacifique » à la question kurde.

Revenant sur la rencontre récente entre la délégation d’Imralı du DEM Parti et le président Recep Tayyip Erdoğan, Koçyiğit a décrit cette entrevue comme un « tournant important ». Elle a affirmé que l’appel lancé par Abdullah Öcalan pour une paix durable et une société démocratique démontre sa volonté claire de contribuer à une solution politique.

« Si l’on veut vraiment tourner la page de la violence et du conflit, alors pourquoi maintient-on en isolement celui qui peut rendre cela possible ? », a-t-elle interrogé, dénonçant les tentatives délibérées de déformer le sens de la question de l’isolement.

Une inertie parlementaire incompréhensible

La députée a vivement critiqué l’inaction persistante du Parlement face aux avancées du processus de paix : « Depuis octobre, il y a eu des discussions, des rencontres, des appels publics. Et pourtant, pas une seule initiative parlementaire n’a vu le jour. Pas même un frémissement. »

Elle a estimé que le silence du Parlement est désormais un obstacle au processus et a exhorté les institutions à assumer leurs responsabilités : « Si nous avons décidé ensemble de nous libérer de ce fardeau historique, pourquoi continuons-nous à nous réfugier derrière des règles de procédure ? »

Vers une relance du dialogue

Revenant sur les opérations menées contre l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) en 2009, qu’elle a qualifiées de « sabotage », la députée a insisté sur la nécessité de renouer avec le dialogue et la voie politique.

Elle a affirmé que le DEM Parti poursuit ses efforts diplomatiques à l’échelle internationale pour soutenir une solution pacifique, avec des discussions en cours de l’Union européenne à la Russie, de l’Inde à l’Irak.

Un entretien entre la délégation d’Imralı et le ministre turc de la Justice, Yılmaz Tunç, est prévu dans les jours à venir. Il portera sur les aspects juridiques du processus en cours, notamment la législation sur l’exécution des peines et les bases légales nécessaires à un cadre démocratique stable.

Koçyiğit a conclu en appelant l’ensemble des acteurs politiques à sortir du mutisme : « Ce processus ne peut avancer sans la participation active du Parlement. C’est une exigence démocratique. Et notre peuple l’attend. »