La journaliste kurde emprisonnée Dicle Müftüoğlu s’est vue décerner le prix du journaliste le plus résilient par L’ONG Free Press Unlimited.
Chaque année, l’ONG Free Press Unlimited honore deux journalistes exceptionnels et courageux. Les lauréats des Free Press Awards 2023 ont été annoncés mardi lors d’un événement spécial au Nieuwspoort à La Haye. Le prix du journaliste le plus résilient a été décerné à la journaliste kurde Dicle Müftüoğlu, tandis que le prix de la révélation de l’année est allé à la journaliste vénézuélienne Holiancar Contreras.
L’organisation de défense de la liberté de la presse a déclaré dans un communiqué : « Cette année, le prix du journaliste le plus résilient est décerné à une journaliste qui ne peut pas être avec nous parce qu’elle passe son temps en prison : Dicle Müftüoğlu. Dicle est actuellement incarcérée à la prison pour femmes de Sincan, à Ankara, en Turquie. Ses collègues Aysel Avesta et Lydia Gottschalk étaient présentes pour recevoir le prix en son nom.
Elle a été appréhendée par les autorités sur la base d’accusations d’extrémisme, simplement parce qu’elle et l’agence de presse qu’elle dirige exposent des faits que les autorités préfèrent cacher. En outre, le syndicat de journalistes fondé par Mme Dicle a défendu les nombreux journalistes incarcérés dans son pays, la Turquie, en particulier lorsqu’ils sont kurdes. Elle-même est aujourd’hui en prison et attend son procès. En tant que journaliste kurde, Dicle est victime de harcèlement judiciaire depuis des années. Partout dans le monde, les journalistes et les médias font l’objet d’un harcèlement judiciaire croissant. Si les professionnels des médias, comme Dicle, ne peuvent pas faire leur travail sans risquer d’être inquiétés, ils ne pourront pas fournir des informations fiables au public. Ce prix est assorti d’une somme de 10 000 euros. Nous espérons sincèrement que cette somme servira à aider la famille de Mme Dicle et à couvrir les frais de justice pour la faire sortir de prison. »
Une lettre de Dicle Müftüoğlu
Le communiqué cite une lettre envoyée depuis sa prison par la coprésidente de l’Association des journalistes Dicle Firat (DFG), suite à sa nomination pour le prix: « J’ai été nominée pour le Prix du journaliste le plus résilient organisé par Free Press Unlimited, aux côtés de deux collègues estimés du Nigeria et de l’Équateur. Je suis très honorée de cette nomination. Travailler comme journaliste dans un pays comme la Turquie, où la liberté de la presse et la liberté d’expression sont sévèrement opprimées, exige de la résistance. Sans cette résistance et ce dévouement, la voie suivie serait celle dictée par le gouvernement ou celle d’être le porte-parole de ceux qui sont au pouvoir. Ma nomination est liée à mon identité kurde et à mon rôle de praticienne et représentante de la tradition de la presse libre. Les journalistes kurdes, qui résistent à la fois en Turquie et au Kurdistan, mettent leur vie et leur liberté en jeu pour apporter la vérité au public. Depuis plus de trente ans, les journalistes kurdes poursuivent leur profession avec persévérance, malgré de nombreux obstacles. Je suis moi aussi une journaliste façonnée par les valeurs de l’école de la presse libre. Je suis consciente d’être candidate à ce prix aux côtés de tous les journalistes qui se consacrent sans relâche à la recherche de la vérité. Je tiens à exprimer ma gratitude au jury pour avoir reconnu notre combat. La vérité ne restera pas cachée ! La presse libre ne peut être réduite au silence ! »