Deux commandantes des YPJ, Sorxwîn Rojhilat et Azadî Dêrik, ont perdu la vie dans l’attaque de drone turque contre un établissement pour les mutilés de guerre à Qamishlo dimanche.
L’attaque de drone menée par la Turquie contre un établissement de la Fédération des mutilés de guerre à Qamishlo, dans le nord de la Syrie, le 11 février, a entraîné la mort de deux membres supérieures des Unités de Protection des Femmes (YPJ), ainsi que plusieurs blessés.
Dans une déclaration lundi, le commandement des YPJ a annoncé que les victimes étaient Sorxwîn Rojhilat et Azadî Dêrik, qui faisaient partie des commandantes du YPJ dans le nord et l’est de la Syrie. Les YPJ ont fermement condamné leur assassinat, promettant de riposter.
Selon le communiqué, Sorxwîn Rojhilat faisait partie des plus de 20 000 personnes blessées dans les combats contre l’État islamique (EI) dans le nord et l’est de la Syrie. Née en 1985 à Makû, une ville de l’est du Kurdistan (Rojhilat, ouest de l’Iran), Sorxwîn Rojhilat s’inscrivait dans la tradition des femmes kurdes résistantes du Rojhilat, a déclaré le commandement des YPJ.
Sorxwîn Rojhilat est arrivée au Rojava en 2014, lorsque des milliers de personnes de différents pays ont afflué à Kobanê pour participer à la défense de la ville assiégée par l’EI. Au cours de la bataille, elle a intégré le commandement des YPJ, jouant un rôle important dans la résistance de Kobanê. Gravement blessée lors d’une attaque de la milice djihadiste, elle a perdu la majeure partie de sa vue. Après une longue période de convalescence, elle a contribué à la mise en place de structures pour les mutilés de guerre et a été cofondatrice de la Fédération des mutilés de guerre. Selon les YPJ, Sorxwîn Rojhilat ne s’est pas limitée à aider les mutilés de guerre, mais s’est également impliquée dans des projets visant à promouvoir la participation égale et l’émancipation des femmes et des filles.
Azadî Dêrik est née en 1982 à Dêrika Hemko, au Rojava. Ayant grandi dans une famille proche de la lutte de libération kurde, elle a rejoint les YPJ avec l’émergence de la révolution du Rojava. « Depuis le premier moment de la révolution jusqu’au dernier moment de sa vie, Azadî Dêrik a pris la ligne d’autodéfense comme base de la lutte à laquelle elle s’est consacrée selon les principes de la guerre populaire révolutionnaire. Elle était une combattante pour la liberté et une pionnière au niveau du commandement. Avec son attitude humble et son dévouement à la révolution, elle était considérée par beaucoup comme un exemple du militantisme d’une femme libre », souligne le communiqué des YPJ.
Le communiqué précise qu’Azadî Dêrik travaillait dans le centre pour les mutilés de guerre. « Elle a veillé à ce que les mutilés de guerre bénéficient de traitements de physiothérapie, de fauteuils roulants ou de prothèses et à ce que les personnes amputées reçoivent une aide durable. Elle a amélioré les conditions de vie de ses camarades et coordonné les relations publiques de la fédération qu’elle avait cofondée. Elle était également responsable de la coordination des projets d’aide internationale en faveur des personnes blessées et handicapées par la guerre dans le nord et l’est de la Syrie. »
Les YPJ ont souligné que les agressions de la Turquie visaient à soutenir l’EI. « En bombardant l’installation, la Turquie se rend coupable d’un autre crime de guerre », ajoute le communiqué qui appelle la communauté internationale à rompre son silence face aux « crimes à motivation génocidaire » d’Ankara. « Sorxwîn Rojhilat et Azadî Dêrik ont mené leur résistance contre la terreur de l’EI, non seulement pour nos peuples, mais aussi pour toutes les nations du monde, et avant tout pour les femmes. C’est pourquoi notre appel s’adresse en premier lieu aux mouvements de libération des femmes. Nous les appelons à prendre une position politique claire contre les attaques de l’État turc. Nous promettons à notre peuple et à toutes les femmes émancipées une revanche. La Turquie doit savoir que les YPJ sont une force de représailles. Nous entretiendrons le feu de la liberté que nos camarades Sorxwîn et Azadî ont allumé avec le slogan « Jin, Jiyan, Azadî » jusqu’à ce que nous ayons détruit l’hégémonie de la domination masculine partout. »
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