Deux ans d’occupation turque à Afrin

Il y a deux ans, le 20 janvier 2018, la Turquie lançait une opération d’invasion contre la ville kurde d’Afrin, l’un des trois cantons du Rojava situé au nord-ouest de la Syrie.

L’agression militaire baptisée « rameau d’olivier » a plongé dans la guerre cette riche région agricole qui, épargnée jusque-là par le chaos syrien, était un refuge pour des centaines de milliers de syriens ayant fui les violences.

Armés essentiellement de leur courage et de leur détermination et dépourvus de tout soutien, les forces kurdes ont résisté pendant trois mois face à la deuxième armée de l’OTAN appuyée par des factions djihadistes de tous bords. Le 18 mars 2018, la ville que la plupart des habitants avaient fuie est tombée entièrement sous l’occupation de la Turquie et de ses supplétifs djihadistes.

Dans un rapport, le Centre de Documentation sur les violations dans le nord et l’est de la Syrie dresse le bilan terrifiant de ces deux années d’occupation.

Alertant également sur le sort de Serêkaniyê (Ras Al-Aïn) et de Girê Spî (Tall Abyad), occupées par les forces turco-djihadistes depuis octobre 2019, l’organisation de défense des droits humains dénonce une violence généralisée, des exactions systématiques et des manipulations démographiques à Afrin.

Le Centre recense notamment 543 civils tués, dont 489 dans des bombardements turcs et 54 sous la torture, plus de 6 000 personnes enlevées contre demande de rançon, dont 3 300 toujours portées disparues, 700 cas de torture, 60 cas de viols commis par les membres des factions supplétives.

Il évoque également le pillage des ressources économiques de la région, avec 150 000 oliviers abattus et vendus, et 70 000 tonnes d’huile d’olive volées par la Turquie, ainsi que la destruction d’écoles et la profanation de sites religieux.

Invitée d’une émission diffusée hier sur la chaîne de télévision Medya Haber, Foza Yusif, représentante du Mouvement pour une Société démocratique (TEV-DEM), a décraré : « Il n’y a pas de possibilité de vivre à Afrin si vous êtes kurde »

Dénonçant une pratique ininterrompue de génocide menée depuis deux ans à Afrin et le jeu des « trois singes » joué par la communauté internationale, Mme Yusif a ajouté : « Que vient faire la Turquie en Syrie ? Pensez-vous qu’elle va apporter la paix à la Libye ? La Turquie est un Etat belliciste. Quel genre de garant de la paix peut-elle être ? »