Après avoir passé de longues années en prison dans le cadre du procès dit de « Kobanê », Gültan Kışanak, Ayla Akat Ata, Meryem Adıbelli, Ayşe Yağcı et Sebahat Tuncel ont été libérées jeudi.
Après de longues années passées derrière les barreaux, Gültan Kışanak, Sebahat Tuncel, Ayla Akat Ata, Meryem Adıbelli et Ayşe Yağcı sont à nouveau libres – du moins pour le moment. Les cinq femmes politiques kurdes ont été condamnées jeudi à des peines de prison plus ou moins lourdes dans le cadre du procès-spectacle connu sous le nom de « procès de Kobanê ». Elles ont cependant été libérées compte tenu de leur longue détention préventive. D’autres anciens dirigeants du Parti démocratique des Peuples (HDP) jugés dans ce gigantesque procès politique restent en prison, à l’exemple des anciens coprésidents du Parti, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, condamnés respectivement à 42 ans et 30 ans de réclusion.
Gulten Kışanak, qui était maire de la métropole de Diyarbakir (Amed) jusqu’à son arrestation en octobre 2016, a pu quitter la prison de haute sécurité de Kocaeli dans la soirée. Les quatre autres figures du HDP ont été accueillies devant la prison pour femmes de Sincan.
Tuncel : la solidarité avec Kobanê a été punie
« Nous sommes en colère », a déclaré Sebahat Tuncel dans un discours, après avoir été accueillie par des applaudissements et le slogan « Jin Jiyan Azadî » (Femme Vie Liberté) scandé par la foule qui s’était rassemblée devant l’établissement pénitentiaire. « Car ce n’est pas nous qui avons été condamnés, mais la solidarité. C’est l’attachement à Kobanê et au peuple kurde qui a été puni. Le message derrière cela est clair : aucune perspective de solution n’est toujours valable pour la question kurde, mais la persistance de la guerre et du conflit. »
L’ancienne députée kurde a dénoncé l’abolition de la séparation des pouvoirs en Turquie: « La justice est soumise au pouvoir exécutif. Je dis justice, mais il s’agit d’une sorte de mécanisme de putsch qui est en vigueur à la place du pouvoir judiciaire ».
À sa sortie de la prison de Kocaeli, Gültan Kışanak a parlé d’une libération « amère », alors que beaucoup de ses compagnons de lutte restent en prison. Après avoir transmis aux personnes venues l’accueillir les salutations de Figen Yüksekdag, l’ancienne co-maire de Diyarbakir a déclaré: « Tant que mes ami(e)s ne sont pas libres, je ne le suis pas non plus. » Qualifiant le procès Kobanê de complot, la femme de 62 ans a ajouté: « Nous n’avons pas besoin de libération, nous avons besoin de paix et de liberté. De toute façon, cela n’a aucune importance que l’on soit en prison ou non. Quand la justice, la paix et la liberté sont absentes, même l’air hors des murs de la prison n’a pas de goût. Nous souhaitons un pays où toutes les femmes, toutes les identités, toutes les communautés religieuses et toutes les langues sont libres. Et c’est pour cela que nous nous battons. »
[…] qu’un gouvernement sans femmes ne serait pas démocratique, Sebahat Tuncel a déclaré qu’elles luttent depuis des années contre une mentalité qui ignore et exclut la […]