« D'abord, il a fait cette confession concernant les meurtres de Paris en tant qu'officier de haut niveau des renseignements. Il a laissé échapper une information secrète, il est important de l'admettre. Ce n'est pas la première fois que les autorités turques l'avouent. Il existe déjà des documents officiels. Auparavant, lorsqu’elle est entrée en conflit avec le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), la confrérie Gulen a publié des enregistrements sonores et des documents des services de renseignement turcs (MIT). Par la suite, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la confrérie de Fetullah Gülen (de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris, ndlr), lors des meetings électoraux à Urfa et à Ağrı en 2014. Les aveux d’İsmail Hakkı Pekin exposent également la politique d'assassinat de l'État turc. »
Zübeyir Aydar, membre du conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK)

Zübeyir Aydar, membre du conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK) a déclaré que les aveux d’İsmail Hakkı Pekin, ancien chef du Département des renseignement généraux de l’armée turque, concernant le triple assassinat de Paris et son appel à de nouveaux assassinats sont sérieux.

Lors d’une émission télévisée qui portait sur l’opération militaire turque dans la région de Garê (Sud-Kurdistan/Irak), Ismail Hakki Pekin avait déclaré qu’il fallait procéder à des liquidations ciblées contre les dirigeants du PKK en Irak, en Syrie et en Europe, ajoutant : « Ils ont aussi leurs éléments en Europe. Nous devons faire quelque chose dans ce sens en Europe. Cela a déjà été fait à Paris… » 

Zübeyir Aydar, membre du Conseil exécutif de la KCK, a parlé à l’agence de presse kurde Firat News (ANF) concernant les aveux de Pekin. « İsmail Hakkı Pekin n’est pas une personne ordinaire, c’est l’ancien chef du département du renseignement de l’armée turque », a-t-il souligné.

Zübeyir Aydar a noté que « après sa retraite, Pekin est devenu actif dans la politique et la vie publique », ajoutant : « Il sait tout sur les activités de l’État profond. Ses déclarations sont importantes ».

Premièrement, c’est un aveu !

Soulignant l’importance des remarques de Pékin sous deux aspects, Aydar a déclaré :

« D’abord, il a fait cette confession concernant les meurtres de Paris en tant qu’officier de haut niveau des renseignements. Il a laissé échapper une information secrète, il est important de l’admettre. Ce n’est pas la première fois que les autorités turques l’avouent. Il existe déjà des documents officiels. Auparavant, lorsqu’elle est entrée en conflit avec le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), la confrérie Gulen a publié des enregistrements sonores et des documents des services de renseignement turcs (MIT). Par la suite, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la confrérie de Fetullah Gülen (de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris, ndlr), lors des meetings électoraux à Urfa et à Ağrı en 2014. Les aveux d’İsmail Hakkı Pekin exposent également la politique d’assassinat de l’État turc. »

Lors du rassemblement électoral à Urfa en mars 2014, Erdogan avait pointé du doigt son ancien partenaire, le Mouvement Gülen, déclarant : « D’abord, ils ont saboté le processus d’Oslo, ensuite ils ont voulu arrêter le chef du MIT. Ils ont également perpétré quelques assassinats à Paris ».

L’enquête menée à Paris et les informations et documents inclus dans l’acte d’accusation, désignent Ankara comme le donneur d’ordre. Les enregistrements vocaux, les documents confidentiels portant la signature des dirigeants du MIT, les appels téléphoniques secrets, les visites du meurtrier en Turquie, les déclarations des responsables du MIT capturés par le PKK sont autant d’indices indiquant que le massacre a été planifié par Ankara.

Deuxièmement, il s’agit d’une menace 

Aydar a fait part de ses observations concernant les menaces proférées par Pekin déclarant :

« Pekin dit qu’il y a des éléments et des cadres du KCK en Europe et qu’il faut s’en occuper. C’est un aveu et une menace. Ce n’est pas seulement une déclaration personnelle de Pekin, il est l’une de ces personnes qui servent de mentor à l’État profond. »

« C’est important, nous le prenons au sérieux ».

Aydar poursuit ainsi :

« Nous nous positionnerons en conséquence. Nous prendrons des mesures. L’État turc mène depuis longtemps des activités criminelles. Il y a des éléments qui émergent en Allemagne, en Belgique, en France. Il y a des tentatives d’assassinats contre des personnes, y compris contre moi. Il y a des enquêtes dans ce sens. Il y a eu des procès en Allemagne, certains sont encore en cours. Il y a encore des enquêtes en cours en Belgique et en France. Il y a un dossier de grande envergure en Belgique sur cette question.

En juin 2017, la police belge a arrêté trois suspects dans un véhicule, suite à des informations fournies par des organisations kurdes. Cet incident a conduit à la reprise de l’enquête à Paris. Car les trois personnes dans le véhicule planifiaient l’assassinat du coprésident du KONGRA GEL, Remzi Kartal. L’un des suspects était un ancien soldat turc. Un autre a montré une carte d’agent de la police turque. Selon les informations obtenues de sources proches de l’enquête, ces deux personnes ont séjourné à Paris avec quatre personnes d’origine turque à partir du 16 juin. L’un d’entre eux serait un sniper. Selon des sources kurdes, la police belge soupçonne qu’un haut diplomate turc à Paris coordonnait ces activités. Les autorités belges ont lancé une enquête, mais le dossier d’instruction est secret. »

Tentatives d’assassinat depuis 2011

Rappelant que les tentatives d’assassinat ne sont pas nouvelles, Aydar a déclaré : « Elles ont commencé en 2011 et se poursuivent à ce jour. Il est important pour nous qu’elles soient avouées par une telle figure, nous allons prendre les précautions nécessaires ».

Impact sur l’affaire du triple assassinat

Aydar a déclaré que la confession de Pekin devrait également avoir un impact sur l’affaire des trois militantes kurdes assassinées à Paris.

« L’État turc a ouvertement commis un meurtre à Paris. L’État a commis des assassinats et semé la terreur à Paris. La Turquie est en fait un État terroriste », a-t-il dit.

Aydar a souligné que les autorités judiciaires françaises devraient s’occuper de cette affaire : « Un procès pour meurtre doit être ouvert contre la Turquie en France. Ce n’est pas seulement le travail d’un tueur à gages comme Ömer Güney. Les personnes qui ont donné l’ordre depuis Ankara doivent comparaitre devant la justice. Nous attendons des autorités judiciaires françaises qu’elles se concentrent plus sérieusement sur cette affaire. Il ne s’agit pas d’un incident impliquant une seule personne. C’est un meurtre planifié à Ankara par le MIT et commis dans le centre de Paris. L’État turc et ses dirigeants de l’époque sont responsables. »