Arjin Dilek Öncel, membre du conseil d'administration de l'Association des femmes journalistes de Mésopotamie, dénonce les attaques systématiques du gouvernement turc contre la presse libre.
Arjin Dilek Öncel, membre du conseil d'administration de l'Association des femmes journalistes de Mésopotamie

Arjin Dilek Öncel, membre du conseil d’administration de l’Association des femmes journalistes de Mésopotamie, dénonce les attaques systématiques du gouvernement turc contre la presse libre. Selon elle, l’alliance AKP-MHP cherche à criminaliser les médias indépendants pour empêcher la vérité d’atteindre la population.

Un climat de répression intensifié

La répression contre les médias libres s’accroît en Turquie. Les autorités, désireuses de contrôler l’information, recourent à des méthodes extrêmes : assassinats de journalistes, arrestations massives, emprisonnements et restrictions d’accès à des plateformes numériques.

Arjin Dilek Öncel alerte sur cette stratégie systématique et affirme la détermination des journalistes à poursuivre leur mission : « Nous continuerons à faire notre travail. »

Un travail vital face à des enjeux cruciaux

Selon Öncel, le rôle de la presse libre est d’exposer les vérités dérangeantes dans une société marquée par des injustices multiples. « Dans un pays où la violence contre les femmes est endémique, où des enfants subissent des abus sexuels dans des foyers religieux, et où des guerres pèsent sur l’économie, la presse libre est essentielle pour révéler ces violations. C’est précisément pour cela qu’elle est ciblée. »

Elle souligne que les attaques contre les médias libres s’expliquent par leur couverture des politiques de guerre du gouvernement et de ses actions controversées. Cette répression a parfois pris des formes tragiques : « Deux de nos collègues, Nazım Daştan et Cihan Bilgin, ont récemment été tués lors d’une frappe de drone au Nord-Est de la Syrie, alors que leur véhicule arborait clairement l’inscription ‘presse’. Ces attaques montrent que révéler des crimes de guerre dérange profondément le pouvoir. »

Malgré les pertes et les menaces, les journalistes poursuivent leur travail avec résilience : « Même si nos collègues sont assassinés ou arrêtés, d’autres prennent immédiatement le relais pour couvrir les violations des droits et informer le public. Les messages d’intimidation du gouvernement ne nous arrêtent pas. »

La solidarité comme rempart face aux attaques

Arjin Dilek Öncel met également en avant l’importance cruciale de la solidarité entre journalistes, en particulier en période de répression. « En tant que journalistes kurdes, et plus spécifiquement en tant que femmes journalistes kurdes, nous avons longtemps critiqué les discours ambivalents de certains médias face aux violations que nous subissons. Cependant, lors des grandes opérations de 2022, nous avons ressenti un réel élan de soutien. Des journalistes turcs se sont mobilisés pour montrer leur solidarité, et cela a eu une grande signification. »

Elle rappelle que les journalistes kurdes sont depuis longtemps une cible prioritaire du gouvernement, et souligne que le soutien entre professionnels des médias est indispensable : « Si le gouvernement cherche à nous faire taire aujourd’hui, d’autres seront visés demain. Ce pouvoir s’en prend à toute voix critique qui menace ses intérêts. »

Une tentative de contrôle de l’information

Depuis 2020, la répression contre la presse libre a pris une ampleur systématique. Arjin Dilek Öncel évoque des chiffres alarmants : « En 2022, lors de deux grandes opérations, environ 27 journalistes ont été arrêtés, et beaucoup sont toujours détenus. Chaque raid, chaque enquête a pour but d’entraver le droit du public à l’information. »

Elle conclut en soulignant que la véritable cible du gouvernement est la vérité elle-même : « Les médias libres exposent les politiques de guerre et les violations des droits humains, ce que le gouvernement cherche à dissimuler. Mais malgré toutes les pressions, nous continuerons à informer et à révéler ce que le pouvoir veut cacher. »